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Israël : la loi sur le boycott des colonies divise

Une loi interdit désormais de boycotter les colonies juives en Israël. Elle divise et provoque la controverse.

Au début de la semaine, en pleine soirée, le Parlement israélien a décidé de voter une nouvelle loi. Une loi sans précédent qui interdit d’appeler au boycott économique, culturel ou intellectuel de personnes ou institutions en Israël ou dans les territoires palestiniens occupés pour des motifs politiques. Toute personne appelant à un tel boycott peut être frappé d’une amende allant jusqu’à 10 000 euros et s’expose à des demandes de dédommagements.

Une loi qui divise

Cette loi n’a pas fait l’unanimité et est passée à une courte majorité. Sur les 120 sièges de la Knesset, 47 députés ont voté pour la loi et 38 s’y sont opposés. Le conseiller juridique de la Knesset s’y opposait, stipulant qu’elle risquait d’être annulée par la Cour Suprême israélienne. Des organisations israéliennes des droits de l’homme comptent d’ailleurs se pourvoir devant la Cour Suprême israélienne pour qu’elle déclare cette loi anticonstitutionnelle.

Derrière cette loi, on retrouve le lobby des colons et l’extrême droite israélienne. Les élus de l’opposition de gauche se sont eux vivement élevés contre le caractère « antidémocratique » et « autoritaire » du texte. L’ACRI, principale organisation israélienne de défense des droits de l’homme est sidérée: « Le boycott est un outil de protestation démocratique et non violent utilisé partout dans le monde ». C’est une forme de protestation inhérente à toute démocratie. Et les critiques au sein du pays pointent du doigt qu’interdire tout boycott est anti-démocratique. Or leur pays est une démocratie.

Même le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, du Likoud (droite) comme six autres membres de son gouvernement, a manifesté ses réserves en s’abstenant de participer au vote, s’inquiétant, selon les médias, des répercussions négatives de la loi sur l’image d’Israël à l’étranger.

Et qu’en est-il de la réaction des citoyens ? Selon un sondage effectué sur 500 Israéliens, seule une moitié d’entre eux serait en faveur de la loi. Parmi eux, les colons sans aucun doute, qui se voient désormais préservés de tout boycott.

Pourquoi une telle loi?

L’initiative de la loi est survenue après que plus de cent personnalités culturelles, universitaires et écrivains, ont annoncé il y a presque un an qu’ils ne prendraient part à aucune activité culturelle, discussion ou conférence, dans les colonies. Il y a quelques mois, des acteurs connus ont d’ailleurs refusé de se produire dans un théâtre d’une colonie de la Cisjordanie occupée. C’en était trop. L’Etat a donc décidé de réagir.

L’UE et les Etats-Unis ont réagi

Deux jours ont été nécessaires avant que les Européens et Américains réagissent à la loi qui fait polémique en Israël. L’Union Européenne s’est dite « préoccupée des possibles effets sur la liberté d’expression » de cette nouvelle législation.

Les Etats-Unis, de leur côté, ont estimé, qu’il s’agissait d’une « affaire intérieure à Israël », tout en soulignant l’importance de la liberté d’expression. Mais la démocratie, présente en Israël, permettra aux citoyens de faire part de leur inquiétude, selon l’allié américain.

Le vif.be avec Belga

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