Le nouveau Premier ministre islandais Sigurdur Ingi Johannsson © Reuters

Islande : Le vétérinaire propulsé Premier ministre

Le Vif

Le nouveau Premier ministre islandais Sigurdur Ingi Johannsson, 53 ans, vétérinaire de formation, se retrouve chef de gouvernement en pleine tempête des « Panama Papers » et bat déjà des records d’impopularité avec un capital sympathie à 3%.

C’est le scandale des avoirs dans un paradis fiscal de son prédécesseur Sigmundur David Gunnlaugsson qui a propulsé au pouvoir jeudi cet homme mafflu assumant l’embonpoint de son âge comme une marque de son attachement au monde rural.

Cavalier émérite, baryton dans un choeur, son sens de l’humour et sa voix rauque séduisent ceux qui, en Islande, apprécient la société des gens de peu de mots qui socialisent à coups de chopes de bière et de tapes dans le dos.

Sa défense des campagnes et de leurs habitants, coeur de cible du Parti du progrès dont l’électorat se concentre traditionnellement en dehors de la capitale Reykjavik, lui avait permis de décrocher le poste de ministre de l’Agriculture et de la Pêche en 2013.

Sur son CV, il mentionne comme première expérience professionnelle son travail à la ferme de son père dans le sud-ouest du pays dès huit ans jusqu’à ses vingt-deux ans.

Dans ce pays d’élevage, principalement d’ovins, il choisit le métier de vétérinaire, obtenant son diplôme à l’université de Copenhague. Ses parents sont tués dans un accident de voiture lorsqu’il a 25 ans.

Pendant un temps il a sa propre exploitation agricole et étudie en parallèle la médecine animale, avant de préférer diverses fonctions qui le font entrer de plain-pied dans l’engagement politique.

Un capital sympathie à 3%

De 2001 à 2008, il est secrétaire de la section régionale du Parti du progrès, formation au pouvoir pendant les années du « boom » financier qui se termineront brutalement par l’effondrement de tout le système bancaire en 2008.

Conservateur dans l’âme, il assiste début 2009 à la disgrâce des partis traditionnels et envisage de quitter la politique à cette époque. Il trouve « absurde » l’idée de tenter une carrière nationale, confiera-t-il à la presse après coup. Pourtant cette année-là, il est élu député d’opposition pour la première fois, puis réélu quand son parti remporte les législatives de 2013.

Au sein d’un gouvernement de droite peu doué pour promouvoir son action, et soupçonné en permanence de défendre les intérêts des plus riches, son profil « rétro » séduit une frange minime d’Islandais. Ses partisans le décrivent comme fiable. Mais il est très discret sur le plan médiatique, les journalistes de la capitale semblant ne s’être jamais intéressés à lui avant cette semaine.

Lui oeuvre au sein de sa formation pour se placer comme recours au Premier ministre, dont la popularité faiblit constamment dès 2014. Et la fin abrupte de M. Gunnlaugsson, inattendue, lui donne ce rôle ingrat de diriger un exécutif détesté, pendant les quelque six à huit mois qui doivent mener aux prochaines législatives.

Le nouveau chef de gouvernement peut difficilement faire pire: fin mars, un sondage suggérait que 3% des électeurs avaient de lui une opinion favorable.

Il a eu trois enfants avec une première épouse, puis un quatrième avec une femme déjà mère d’un enfant.

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