© AFP/Aris Messinis

Irak: L’assassinat de Foley, première attaque de l’EI contre les Etats-Unis

Le Vif

L’assassinat du journaliste américain James Foley, revendiqué par les jihadistes extrémistes de l’Etat islamique (EI), est leur « première attaque terroriste contre les Etats-Unis », a affirmé un ancien responsable de la CIA.

Le groupe jihadiste, qui a diffusé une vidéo mardi semblant montrer la décapitation de James Foley et menaçant de mort un deuxième otage américain, essaye d’intimider les Etats-Unis pour les forcer à mettre fin aux frappes aériennes contre l’EI en Irak, a souligné Michael Morell, qui a été numéro deux de la CIA et a occupé le poste de directeur par intérim entre 2012 et 2013.

« Et je pense que notre réponse devrait être, et que notre réponse sera, de ne pas le faire. En fait nous devrions même intensifier les choses », a-t-il ajouté sur la chaîne de télévision CBS.

Depuis le 8 août, les Etats-Unis ont procédé à plusieurs douzaines de frappes aériennes et ont détruit de l’artillerie et des véhicules de l’EI. Ces bombardements ont permis aux forces irakiennes et kurdes de reprendre en particulier le plus grand barrage d’Irak près de Mossoul, selon le Pentagone.

« La définition du terrorisme c’est la violence politique, la violence pour avoir un impact politique. Nous devrions donc marquer cette date d’une pierre blanche parce que c’est la première attaque terroriste de l’EI contre les Etats-Unis », a souligné M. Morell.

L’afflux de combattants européens venus se battre aux côtés de l’EI en Syrie et en Irak fait craindre aux autorités que ces militants ne profitent de leurs passeports occidentaux pour attaquer des cibles en Europe et aux Etats-Unis.

Ainsi, le bourreau présumé de James Foley, masqué et vêtu de noir, s’exprimait dans un anglais parfait avec un accent britannique dans la vidéo diffusée mardi.

Le FBI « estime » que la vidéo est authentique

La police fédérale américaine estime que la vidéo montrant l’assassinat du journaliste américain James Foley par l’Etat islamique est authentique, selon GlobalPost, le site internet pour lequel il travaillait.

« Le FBI a indiqué mercredi matin à la famille Foley qu’il estime que la vidéo est authenthique. Le FBI poursuit une procédure plus longue d’authentification officielle », a indiqué GlobalPost sur son site internet.

YouTube bloque seulement sur demande des internautes

Alors que des extraits vidéo de la décapitation d’un journaliste par l’Etat islamique proliféraient sur le web, la plate-forme YouTube a expliqué mercredi avoir pour politique de ne bloquer que des vidéos signalées par les internautes, au cas par cas.

« La seule chose que la plate-forme peut faire, c’est bloquer la vidéo si elle est signalée et qu’elle enfreint le règlement de la communauté », indique-t-on chez YouTube. Pour signaler une vidéo, l’utilisateur doit cliquer sur un drapeau en bas à droite de la fenêtre de lecture. « Une fois qu’un internaute signale la vidéo, la vidéo va être revue par nos équipes dans le monde entier, qui travaillent 24h/24 sept jours sur sept, et la décision est appliquée rapidement », a-t-on également indiqué, sans précision sur le délai moyen de décision entre le signalement et le blocage effectif de la vidéo.

La plate-forme a refusé de commenter précisément le cas de la vidéo de l’exécution du journaliste, alors que la requête « James Foley » sur YouTube indiquait mercredi après-midi plus de 67.000 résultats. « Nous supprimons les vidéos présentant certains types de contenus comme ceux mettant en avant de la violence gratuite, des discours de haine et/ou d’incitation à commettre des actes violents, quand elles nous sont signalées par nos utilisateurs. Nous bloquons aussi les comptes enregistrés par des membres de groupes désignés comme organisations terroristes étrangères (Foreign Terrorist Organizations) et utilisés à titre officiel pour promouvoir leurs intérêts « , a détaillé un porte-parole de YouTube.

Par ailleurs, « s’il est considéré que cette vidéo a une valeur journalistique et documentaire, on va pouvoir mettre des interstitiels pour avertir que le contenu a des images choquantes, la vidéo peut être aussi être interdite à certaines tranches d’âge », a poursuivi cette source.

Dans une vidéo diffusée mardi sur internet, l’EI montre un homme s’exprimant en anglais avec un accent britannique, masqué et habillé de noir qui semble couper la gorge du journaliste James Foley, enlevé en novembre 2012 en Syrie.

Les images de l’exécution retirées de Twitter

Twitter a retiré mercredi les photos et vidéos de l’exécution sauvage du journaliste américain James Foley qui avaient été mises en ligne par les jihadistes extrémistes de l’Etat islamique (EI).

Une vidéo très dure de la décapitation du reporter, intitulée « Un message à l’Amérique », avait été postée mardi et posait un dilemme à Twitter et aux autres réseaux sociaux, qui mettent normalement en avant la liberté d’expression de leurs abonnés.

Mais Twitter a rapidement réagi pour retirer un maximum d’images sur les comptes de militants islamistes.

« Nous sommes en train d’identifier et de suspendre les comptes que nous découvrons en lien avec cette vidéo très crue », a ainsi réagi sur Twitter Dick Costolo, le PDG du réseau social.

De nombreuses images de l’exécution de James Foley ont ainsi disparu de Twitter peu après ce message, comme l’a constaté J.M. Berger, un expert des réseaux extrémistes: « Le nombre d’images visibles sur ma principale liste de militants de l’EI a considérablemebt baissé depuis la nuit dernière », a-t-il ainsi dit sur Twitter. « Ce n’est pas parfait, des images continuent de passer, mais c’est déjà pas mal », a-t-il ajouté.

Le site YouTube a également retiré la vidéo, conformément à sa politique qui veut que tout « contenu violent destiné à choquer, à faire du sensationnalisme ou irrespectueux » soit retiré de son site.

Mardi, Twitter a aussi précisé qu’il retirerait les photos de personnes décédées si les familles le demandaient, effectuant ainsi un pas supplémentaire par rapport à ses règles en vigueur jusque-là.

Cette décision est apparemment intervenue après le suicide de l’acteur Robin Williams, dont la fille, Zelda Williams, a quitté le réseau social la semaine passée, lassée de voir des utilisateurs indélicats dégrader des images de son père.

Les musulmans de Belgique choqués par les crimes commis par l’EI en Irak

L’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) se dit, mercredi dans un communiqué, « choqué par les crimes commis par l’EI (Etat Islamique) en Irak », en pointant particulièrement « les exécutions et persécutions que subissent les minorités religieuses ».

L’EMB affirme ne « se reconnaître en rien dans les agissements et objectifs du groupement EI et récuse d’ailleurs le dénominatif ‘islamique’ de ce groupement puisque ces agissements criminels n’ont rien à voir avec l’Islam qui, au contraire, prône des valeurs nobles de fraternité, de respect et de paix », indique le communiqué. En outre, l’EMB « condamne de la façon la plus ferme les activités de certains jeunes qui soutiennent l’EI ». Enfin, l’EMB s’engage à continuer « à se concerter, à n’importe quel niveau, avec d’autres instances pour combattre la radicalisation de certains jeunes musulmans ».

Dans son communiqué de ce mercredi, l’EMB ne fait pas mention des propos tenus mardi soir sur une chaîne flamande par le bourgmestre d’Anvers et président de la N-VA, Bart De Wever. Celui-ci avait déclaré qu’il pouvait difficilement comprendre la réaction de l’EMB qui, dans un premier temps, avait estimé ne pas devoir prendre ses distances par rapport aux agissements de l’EI puisqu’il n’avait rien à voir avec ce groupement. « Si cela s’était passé au nom de mon dieu, je me serais empressé de prendre mes distances », avait affirmé Bart De Wever, dans l’émission Terzake (VRT).

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