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Irak : l’armée américaine part après neuf ans de guerre

Jusqu’à 170 000 soldats ont été présents lors de l’opération, entamée en 2003, qui a renversé le dictateur Saddam Hussein. Une centaine reste pour la protection de l’ambassade et l’entraînement d’Irakiens.

Il n’y a (presque) plus de soldats américains en Irak. L’armée américaine a quitté le pays, dimanche à l’aube, près de neuf ans après l’avoir envahi et renversé le dictateur Saddam Hussein. Et laisse ce pays riche en pétrole plongé dans une grave crise politique.

Le dernier convoi composé de 110 véhicules transportant environ 500 soldats appartenant en grande majorité à la 3ème brigade de la 1ère division de cavalerie a traversé la frontière à 4h30 GMT. Le dernier véhicule est passé huit minutes plus tard.

L’armée américaine, qui a compté jusqu’à 170.000 hommes au plus fort de la lutte contre l’insurrection, a abandonné 505 bases. Il ne restera plus que 157 soldats américains chargés d’entraîner les forces irakiennes et un contingent de Marines pour protéger l’ambassade.

Il y a huit ans et neuf mois, les forces américaine l’avaient franchie dans l’autre sens lors de l' »Opération Iraqi Freedom » qui devait se révéler être la guerre la plus controversée depuis celle du Vietnam, un demi-siècle plus tôt.

L’armée irakienne prend la main

Le dernier convoi a quitté la base Imam Ali pour les Irakiens, et Camp Adder pour les Américains, près de Nassiriya vers 2H30 (samedi 23H30 GMT) en empruntant une route déserte de 350 km pour rejoindre le Koweït.

« Nous avons pris en main cette base », a déclaré fièrement à l’AFP, le général irakien Sattar Jabbar al-Ghizi, e « Je me sens vraiment bien » lâche le sergent Duane Austin, 27 ans qui a effectué trois rotations en Irak. « Il est temps de rentrer à la maison où m’attendent une femme et deux enfants », confie-t-il. « C’est quand même agréable de savoir que c’est vraiment fini ». Certains soldats applaudissaient visiblement soulagés.

Des soldats se demandent comment les Irakiens réagiront en découvrant le départ des Américains.

Face au refus de l’Irak d’accorder l’immunité à des milliers de soldats américains chargés de poursuivre la formation, le président Obama avait décidé le 21 octobre, le retrait total des troupes.

Crise politique

Les Américains laissent un pays plongé dans une crise politique, avec la décision du bloc laïque Iraqiya de l’ancien Premier ministre Iyad Allaoui, de suspendre à partir de samedi sa participation aux travaux du Parlement.

Second groupe parlementaire avec 82 députés contre 159 à l’Alliance nationale, coalition des partis religieux chiites, il a dressé un réquisitoire contre « l’exercice solitaire du pouvoir » du Premier ministre Nouri al-Maliki.

« Cette manière d’agir pousse les gens à vouloir se débarrasser de la main de fer du pouvoir central d’autant que la Constitution les y autorise », faisant allusion aux récents votes en faveur de l’autonomie des provinces à majorité sunnite d’al-Anbar, Salaheddine et Diyala.

S’estimant lésés par le gouvernement à majorité chiite, les sunnites, jadis partisans d’un Etat centralisé, sont aujourd’hui portés par un mouvement centrifuge à vouloir gérer leurs régions de manière autonome, comme les Kurdes, ce qui comporte un risque d’éclatement du pays.

Si l’Irak exporte environ 2,2 millions de b/j, lui rapportant 7 milliards de dollars par mois, les services de base comme la distribution d’électricité et l’eau potable sont toujours défectueux.
Mais les Irakiens interrogés étaient satisfaits du départ. « Je suis fier comme chaque Irakien doit l’être », déclare Safa, un boulanger de 26 ans à Karrada, dans le centre de Bagdad.

Le prix de l’occupation

« Les Américains ont renversé Saddam Hussein, mais notre vie depuis s’est dégradée », a-t-il ajouté.

Désormais, les 900.000 éléments des forces irakiennes auront la lourde tâche d’assumer seuls la sécurité alors que les insurgés, notamment Al-Qaïda, bien qu’affaiblis, peuvent encore faire couler le sang. Ils devront aussi empêcher la résurgence des milices et une réédition d’une guerre confessionnelle entre chiites et sunnites qui avait fait des dizaines de milliers de morts en 2006 et 2007.

Ainsi s’achève une invasion lancée sans l’aval de l’ONU pour trouver des armes de destruction massives que Saddam Hussein aurait cachées. Il s’est avéré depuis que celles-ci n’existaient pas.
Cette occupation en 2003, qui deviendra à partir de 2005 une « présence étrangère requise par le gouvernement irakien », aura été fort onéreuse.

Le Pentagone a alloué près de 770 milliards de dollars en neuf ans alors que 4.474 soldats américains sont morts, dont 3.518 tués au combat. Plus de 32.000 militaires américains ont par ailleurs été blessés. Par ailleurs’ depuis mars 2003, les pertes civiles s’étaleraient entre 104.035 et 113.680, selon l’organisation britannique IraqBodyCount.org.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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