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Ingrid Betancourt : la souffrance dix ans après

A sa libération en 2008, l’ancienne captive française a été sollicitée sur tous les fronts, trop peut-être… Si bien que dix ans après son enlèvement, les blessures restent très présentes.

Lors de son enlèvement par la guérilla des Farc le 23 février 2002, elle concourait à l’élection présidentielle en Colombie. Dix ans après, Ingrid Betancourt a abandonné à la fois la politique et son pays, dépassée par une célébrité qui n’a pas effacé toutes les blessures.

En effet, retenue en captivité durant six ans dans la jungle, l’ancienne sénatrice, qui comptait 1% d’intentions de vote, s’est convertie en véritable symbole du drame des otages pour sa ténacité, suscitant une mobilisation internationale sans précédent.

Le tourbillon médiatique

Libérée par une opération de l’armée le 22 juillet 2008, elle est emportée par un tourbillon médiatique. Hôte de nombreux chefs d’Etat, visite au Vatican, nomination pour le prix Nobel de la Paix, affiche géante sur la façade de la mairie de Paris, les honneurs se multiplient comme les Une de magazines.

En décembre 2008, cette ex-épouse d’un diplomate français dont elle a conservé la nationalité, crée une fondation de défense des droits de l’homme, lançant régulièrement des appels à la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) pour la libération des otages.

Un divorce sur tous les points

Quatre ans après sa libération, les blessures ont ressurgi au grand jour: divorce compliqué avec son second mari, règlements de compte avec ses compagnons de captivité qui dénoncent son égoïsme. Même ses comités de soutien à Paris déplorent une certaine froideur.

Avec son pays natal, c’est aussi le divorce. Les Colombiens lui reprochent d’avoir délaissé son pays, où elle n’a effectué que deux passages éclair, le dernier pour une cérémonie marquant les deux ans de sa libération en compagnie de 14 autres otages.

Ce divorce est totalement consommé lorsqu’elle réclame en juillet 2010 une indemnisation de huit millions de dollars à l’Etat colombien, lui reprochant de n’avoir pas assuré sa sécurité le jour de son enlèvement. « Les gens en Colombie ont le coeur dur », a-t-elle même récemment déclaré dans un entretien accordé à un hebdomadaire.

Des années de reconstruction


En septembre 2010, Ingrid Betancourt avait tenté d’exorciser son enfer dans la jungle avec la publication de son livre Même le silence a une fin, devenu un best-seller. Cependant l’ancienne captive a révélé ne « se sentir à nouveau en vie » que depuis « quelques mois ». Elle a fêté ses 50 ans en décembre dernier et veut désormais porter les souffrance de sa vie à l’écran, avec son amie Kathleen Kennedy, la productrice de Steven Spielberg.

Un retour en Colombie? L’ancienne otage, qui partage son temps entre Paris où vit sa mère et ses enfants Mélanie et Lorenzo, New York et l’université anglaise d’Oxford où elle étudie la théologie et le grec ancien, a aussi pour la première fois entrouvert la possibilité d’un retour en Colombie: « Si un jour, il y a une possibilité… »

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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