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Infanticides: la mère inculpée « d’homicides volontaires », le père est libre

La mère soupçonnées d’être responsables de la mort de ses huit nouveau-nés, retrouvés cette semaine à Villers-au-Tertre (Nord), a été mise en examen jeudi midi par un juge d’instruction dans cette affaire d’infanticides. Elle n’a pas « avancé » le mobile du déni de grossesse, a indiqué jeudi à la presse le procureur de Douai.

Le déni de grossesse (le fait pour une femme enceinte de ne pas avoir conscience de l’être) est « un mobile qui n’a pas du tout été avancé » par la mère soupçonnée d’avoir tué les bébés, a déclaré le procureur.

Le père présumé n’a, quant à lui, pas été mis en examen (inculpé) et est libre, a annoncé jeudi le procureur de Douai lors d’une conférence de presse.

La mère des enfants, Dominique C., aide-soignante, a été mise en examen pour « homicides volontaires de mineurs de moins de 15 ans » et un mandat de dépôt a été requis. Elle encourt ainsi la réclusion à perpétuité. Le père, Pierre-Marie C., charpentier, a été mis en examen pour « non dénonciation de crimes et recels de cadavres » et le parquet a requis un placement sous contrôle judiciaire.

Le couple de quadragénaires, apprécié dans ce village paisible et plutôt coquet, était arrivé au palais de justice de Douai (Nord) vers 09h00 à bord d’un fourgon de gendarmerie.

Jeudi matin, le curé du village a disposé huit petites bougies devant le portail de la maison où résidait le couple. Ce portail a été recouvert de couvertures par les gendarmes pour masquer l’enceinte de la maison. « J’ai une pensée pour tous les enfants du monde. J’ai une pensée pour ces petits qui n’ont pas demandé à naître et qu’on jette quelques heures après », a déclaré l’abbé Robert Meignotte devant des journalistes. « Je suis très ému, je baptise cinq enfants tous les dimanches dans les 17 villages de la paroisse. On ne jette pas des enfants comme ça dans des sacs poubelle. On ne comprend pas », a-t-il ajouté.

Samedi, les nouveaux propriétaires d’une maison, qui appartenait auparavant aux parents de Dominique C., avaient fait la première découverte macabre dans leur jardin. Alors qu’ils s’apprêtaient à replanter un arbre, ils sont tombés sur les ossements de deux nouveaux-nés dans des sacs plastique enfouis sous terre. Sous le choc, ils ont aussitôt alerté la gendarmerie.

Les enquêteurs, aidés de cinq chiens et deux maîtres-chien, ont ensuite fait des recherches dans la maison des parents présumés, située un peu plus loin, où ils ont retrouvé six nouveaux cadavres.

Arrêtés mardi et interrogés depuis par les gendarmes, les époux sont décrits par leurs voisins comme des gens sans histoire, le père faisant même partie du conseil municipal de Villers, selon le maire Patrick Mercier. « C’était son troisième mandat. C’était un bénévole, quelqu’un de respectable », a expliqué l’élu jeudi matin devant des journalistes.

Concernant la mère, « c’est une personne qui sortait très peu, qui participait peu à la vie de la commune », a-t-il dit, précisant qu’elle avait « un problème de poids », qui pourrait expliquer que ses grossesses soient passées inaperçues. « Personne ne s’est rendu compte de quoi que ce soit », a souligné le maire.

Décrits comme avenants, serviables, polis et courtois, les interpellés sont parents de deux filles âgées d’une vingtaine d’années, qui ont elles-mêmes des enfants.

Les recherches de corps ont pris fin mercredi soir. Jeudi matin, le village de 620 âmes était calme en dehors de l’agitation des nombreux journalistes venus de plusieurs pays européens. Les habitants de Villers exprimaient leur incompréhension et leur choc devant le drame, mais se montraient plutôt bienveillants à l’égard des parents.

Le Vif.be, avec Belga

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