Jared Kushner et sa femme Ivanka © Reuters

Il y aurait eu d’autres contacts entre les Russes et l’équipe de Donald Trump

Le Vif

Jared Kushner et Michael Flynn auraient eu en décembre une conversation avec l’ambassadeur russe. Et ce alors que le vice-président est à son tour dans la tourmente suite aux révélations de ses courriels privés à propos de la sécurité intérieure et du fait qu’il aurait même été piraté l’été dernier.

Le ministre américain de la Justice s’est récusé dans toute enquête sur ses contacts supposés avec les Russes, soutenu par le président Donald Trump qui a qualifié de « chasse aux sorcières » les appels à la démission de Jeff Sessions.

Soutien de la première heure au Sénat du président républicain, dont il a inspiré la politique anti-immigration, Jeff Sessions a reconnu avoir rencontré l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis Sergueï Kislyak à deux reprises l’année dernière, ce qui semblerait contredire de récentes déclarations. Mais M. Sessions a démenti avoir commis quelque acte illicite que ce soit au cours de ces rencontres ou avoir menti pendant ses auditions de confirmation au Congrès.

Lors d’une conférence de presse jeudi, M. Sessions a annoncé qu’il se récusait dans toute enquête sur la campagne. Et il a expliqué que c’était son rôle de sénateur de rencontrer des diplomates et qu’il avait parlé de « choses normales » avec l’ambassadeur russe. En tant que ministre de la Justice, Jeff Sessions supervise le FBI et donc les diverses enquêtes sur les affaires russes.

Intervenant dans la soirée de jeudi sur la chaîne de télévision Fox News, M. Sessions a répété qu’il n’avait pas parlé de la campagne électorale avec l’ambassadeur de Russie. « Quand je faisais campagne pour Trump, je n’ai pas été impliqué dans quoi que ce soit de ce genre. Vous pouvez en être sûrs », a-t-il ajouté. « Jeff Sessions est un honnête homme », a écrit M. Trump dans un communiqué jeudi soir, au terme d’une journée agitée par cette affaire au Capitole et dans les médias américains. Il l’avait plus tôt assuré de sa confiance « totale ».

M. Trump reconnaît toutefois que son ministre aurait pu répondre « plus précisément » lorsqu’une commission parlementaire l’a interrogé sur ses éventuels contacts avec des responsables russes. Jeff Sessions a en effet admis avoir eu de tels contacts pendant la campagne mais en sa qualité de sénateur et non de représentant de la campagne de Donald Trump. « Mais ce n’était clairement pas intentionnel », poursuit le président. « Il n’a rien dit de faux. »

« Toute cette histoire est une façon de ne pas perdre la face pour les démocrates qui ont perdu une élection que tout le monde pensait qu’ils devaient gagner », accuse encore Donald Trump, assurant que l’opposition a « perdu le sens de la réalité ». « La véritable histoire, c’est toutes les fuites illégales d’informations classées et d’autres informations. C’est une véritable chasse aux sorcières! », conclut-il.

Enquête indépendante

A coups de fuites et révélations, Donald Trump ne parvient pas à mettre un terme à cette affaire russe, qui l’a déjà conduit à se séparer de son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, le 13 février.

Un nombre croissant de parlementaires de l’opposition démocrate mais aussi de la majorité républicaine appelaient à ce que l’Attorney General s’exclue de lui-même de l’enquête conduite par le FBI sur la campagne de piratage et de désinformation attribuée à Moscou.

L’existence de l’enquête, rapportée par de multiples journaux américains, n’a pas été confirmée officiellement. Les démocrates craignent que les républicains, qui contrôlent le Congrès, n’étouffent ces enquêtes pour protéger le président américain.

Plusieurs d’entre eux ont appelé à lancer une enquête bipartite indépendante sur l’interférence de Moscou dans la campagne. Cela nécessiterait la nomination d’un procureur indépendant, la création d’une commissions bipartite d’experts sans liens avec le gouvernement ou une commission au Congrès.

‘Parjure’

Cette affaire à tiroirs alimente les soupçons sur le rapprochement envisagé par le nouveau locataire de la Maison Blanche avec le président russe Vladimir Poutine. Sous l’administration Obama, Washington a accusé Moscou d’avoir mené en 2016 une campagne d’influence pour tenter de discréditer la candidate démocrate Hillary Clinton et aider son adversaire républicain. Donald Trump a nié à plusieurs reprises toute collusion, et la Russie nie catégoriquement toute ingérence.

L’ambassadeur Kisliak semble avoir assidûment cherché à nouer des liens avec le premier cercle du républicain avant et après l’élection. En attestent les rencontres avec Jeff Sessions en juillet et septembre, des coups de fil avec Michael Flynn en décembre, ainsi qu’une visite le même mois à la Trump Tower à New York, lors de laquelle il a également rencontré le gendre du président, Jared Kushner, selon le New Yorker – un rendez-vous confirmé par la Maison Blanche. La récusation de Jeff Sessions ne suffira pas aux démocrates, qui continuaient d’appeler à sa démission après sa conférence de presse en l’accusant de mensonge, voire de parjure. Politiquement, ce nouvel épisode place Donald Trump sur la défensive, au moment où il veut engager un train de réformes.

Le vice-président à son tour dans la tourmente

Le vice-président américain Mike Pence a utilisé son adresse e-mail privée à des fins professionnelles alors qu’il était gouverneur de l’Indiana, révèle vendredi le quotidien local The Indianapolis Star. Il aurait notamment échangé des courriels à propos de la sécurité intérieure et aurait même été piraté l’été dernier.

Ces courriels envoyés via son compte personnel AOL montrent comment Mike Pence a communiqué avec des conseillers en sécurité intérieure à propos notamment de l’arrestation de plusieurs personnes visées par des enquêtes pour terrorisme. Les experts en cyber-sécurité se demandent à présent si ce genre d’informations confidentielles ont pu être interceptées par des hackeurs. Le quotidien révèle également que le compte en question a bien été piraté l’été dernier. « Comme de précédents gouverneurs, pendant son mandat de gouverneur de l’Indiana, Mike Pence a gardé un compte de messagerie public et un compte de messagerie privée », ont déclaré les équipes du vice-président dans un communiqué. Le porte-parole du vice-président a pour sa part qualifié ces allégations d' »absurdes ».

Pendant la campagne électorale en 2016, le co-listier de Donald Trump s’était montré particulièrement virulent à l’encontre de la rivale démocrate Hillary Clinton, impliquée dans une affaire d’e-mails professionnels envoyés via sa messagerie privée alors qu’elle était secrétaire d’Etat.

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