Cartes des bombes retrouvées en 2015 à Berlin © Reuters

Il y a 60 ans, l’Allemagne adhérait à l’Otan

Il y a 60 ans, une décennie après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne – à l’époque limitée à sa partie occidentale – adhérait à l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord (Otan), une alliance militaire dont la raison d’être n’a en définitive guère changé depuis lors.

La jeune République fédérale d’Allemagne (RFA) a été admise le 6 mai 1955 comme 15ème membre de l’Alliance atlantique, dans un contexte de Guerre froide et alors que l’intégration européenne en était à ses balbutiements, quatre ans seulement après la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), ancêtre de l’actuelle Union européenne. L’adhésion de l’Allemagne à l’Otan et à sa petite soeur européenne, l’Union de l’Europe occidentale (UEO) – dissoute en 2010 – avait été réglée par les traités de Paris. Ces accords restituaient une large souveraineté au pays, dix ans après la défaite du régime nazi et une occupation par les puissances victorieuses de la guerre 1939-1945 qui s’est poursuivie à Berlin jusqu’en 1991. A l’époque, le but de l’Otan, tel que défini par son premier secrétaire général, le général et Lord britannique Hastings Ismay, était de « maintenir les Américains dedans, les Russes dehors et les Allemands par terre » (« to keep the Americans in, the Russians out, and the Germans down »). Si les deux premiers principes sont restés valables depuis la fondation de l’Otan en 1949, le troisième a pris fin six ans plus tard, avec l’adhésion de la RFA à l’Alliance atlantique. Mais celle-ci ne s’est pas déroulée sans susciter des controverses tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le premier chancelier allemand d’après-guerre, Konrad Adenauer, estimait que cette accession mènerait à l’unification – et l’histoire a fini par lui donner raison – face au parti social-démocrate (SPD) qui y était opposé, tout comme au réarmement de l’Allemagne. Le débat avait véritablement débuté en 1950, lorsque la Corée du nord communiste avait envahi le sud de la péninsule. Beaucoup d’Allemands et d’Européens craignaient que l’Union soviétique ne fasse de même sur le vieux Continent, dans un contexte de tension est-ouest qui a culminé par la construction du Mur de Berlin en 1961.Une semaine après l’adhésion de la RFA à l’Otan, l’URSS avait créé le Pacte de Varsovie, rassemblant ses satellites communistes d’Europe de l’est, dont la République démocratique d’Allemagne (RDA), la partie orientale du pays qu’elle occupait depuis 1945. La division de l’Europe en deux blocs antagonistes était scellée, une situation figée qui a duré près de quatre décennies. Le réarmement de l’Allemagne de l’ouest avait véritablement débuté le 12 novembre 1955, avec l’incorporation des 101 premiers volontaires dans une ancienne caserne de Bonn. Le gouvernement avait rétabli la conscription et dans les années 1980, à l’apogée de la Guerre froide, la Bundeswehr a compté jusqu’à 500.000 hommes prêts à participer à la « défense de l’avant » de l’Otan à la frontière inter-allemande aux côtés de troupes alliées (américaines, britanniques, néerlandaises, belges et, dans une moindre mesure, canadiennes et françaises). Ces armées n’ont toutefois jamais dû affronter d’attaque du Pacte de Varsovie jusqu’à la chute du Mur de Berlin en novembre 1990 et la réunification des deux Allemagne en octobre suivant. Mais la Bundeswehr a ensuite été engagée dans de nombreuses missions « hors zone », allant des Balkans à l’Afghanistan et de la Somalie au Mali. L’Allemagne contribue aussi largement aux « mesures de réassurance » décidées par l’Otan en faveur des alliés est-européens inquiets de l’expansionnisme manifesté russe après l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014. Le gouvernement de Berlin justifie ces efforts en affirmant que le temps est venu pour l’Allemagne de rembourser la dette contractée durant la Guerre froide en se souvenant de la protection offerte par les alliés durant cette période au nom du principe fondateur de l’Alliance: la défense collective de ses membres. Le 50ème anniversaire d’appartenance de l’Allemagne à l’Otan ne sera commémoré que fin juin au ministère allemand des Affaires étrangères à Berlin, en présence du secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, et des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Frank-Walter Steinmeier et Ursula von der Leyen.

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