Il y a 100 ans, les suffragettes obtenaient le droit de vote pour les femmes

Le Vif

La Première ministre britannique Theresa May a rendu hommage mardi aux militantes « héroïques » qui ont ouvert la voie au droit de vote des femmes il y a cent ans au Royaume-Uni, tout en dénonçant une hostilité croissante dans le débat public actuel.

Le 6 février 1918, le Parlement britannique votait la « loi de 1918 sur la représentation populaire », permettant à certaines femmes de plus de 30 ans de voter. Il fallut toutefois attendre 1928 pour qu’elles puissent le faire aux mêmes conditions que les hommes, dès 21 ans.

Theresa May a célébré cet anniversaire à Manchester (nord-ouest), où a vu le jour le mouvement des suffragettes, saluant « une étape importante et irréversible vers la création d’une démocratie réellement universelle ».

Mais malgré les avancées enregistrées dans la reconnaissance des droits des femmes et de minorités depuis 1918, elle a mis en garde contre le risque de voir le débat public actuel au Royaume-Uni devenir « très hostile », avec des échanges tombant de plus en plus souvent dans « le tribalisme et la rancoeur ».

« Les femmes au XIXe siècle avaient dû affronter une hostilité ouverte et des abus dans leur quête du droit de vote. Au XXIe siècle, aucune femme – ou aucune personne – ne peut accepter de faire face à des menaces et des intimidations simplement parce qu’elle a osé exprimer une opinion politique ».

Mme May, la deuxième femme à la tête d’un gouvernement britannique après Margaret Thatcher, a annoncé un plan pour lutter contre les insultes et les intimidations en ligne visant « de façon disproportionnée les candidats politiques qui sont des femmes, des noirs, issus de minorités ethniques ou de la communauté LGBT ».

Réhabilitation

Emmeline Pankhurst arrêtée lors d'une manifestation devant Buckingham Palace, en 1907
Emmeline Pankhurst arrêtée lors d’une manifestation devant Buckingham Palace, en 1907© wikicommons

Après des années de revendications pacifiques et de pétitions restées sans effet, des suffragettes, menées par Emmeline Pankhurst et ses trois filles, étaient passées à la vitesse supérieure pour faire avancer leur cause, n’hésitant pas à s’enchaîner, briser des vitrines et même à faire exploser une bombe au domicile d’un ministre. En représailles, plus de mille ont été emprisonnées et nourries de force après avoir entamé des grèves de la faim.

Une campagne, soutenue par la cheffe des conservateurs écossais Ruth Davidson et le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn, a été déclenchée mardi pour qu’elles soient définitivement réhabilitées par la justice. « L’activisme des suffragettes était une noble cause et beaucoup d’entre elles sont devenues des prisonnières politiques », a déclaré au quotidien The Daily Telegraph Sam Smethers, le directeur général de la Fawcett Society, du nom de la militante Millicent Fawcett.

Interrogée par la BBC, la ministre de l’Intérieur Amber Rudd a déclaré « comprendre » cette campagne, tout en jugeant ce pardon « compliqué ».

En attendant une éventuelle réhabilitation officielle, les militantes sont honorées cette année à travers une série d’exposition et d’événements.

A Trafalgar Square, dans le coeur de Londres, des images grandeur nature de suffragettes sont exposées depuis mardi matin, tandis qu’une statue de Millicent Fawcett, héroïne de la cause féministe, sera dévoilée au printemps en face du Palais de Westminster. Ce sera la première statue de femme dans ce lieu symbolique.

Mardi soir, Theresa May s’exprimera au Parlement au cours d’un événement célébrant le centenaire de la loi, auquel ont été invitées toutes les femmes étant ou ayant été députées, ce qui devrait constituer le plus grand rassemblement des femmes politiques britanniques jamais organisé.

Pour Jeremy Corbyn, « le combat pour l’égalité continue ». « Il y a toujours trop peu de femmes au Parlement, les femmes ne sont pas payées autant que les hommes pour le même travail et beaucoup subissent des discriminations sur leur lieu de travail et dans leur vie quotidienne », a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée sur son compte Twitter. « La pénible vérité, c’est que l’égalité des genres n’est pas encore acquise », a estimé la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon.

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