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Il s’est présenté 158 fois, mais n’a jamais été élu

Le Vif

Depuis plus d’un quart de siècle, K. Padmarajan s’est présenté 158 fois à une élection, sans jamais gagner. Mais pour le plus grand et le plus opiniâtre loser politique de l’Inde, la victoire est dans l’audace.

C’est en 1988 que ce réparateur de cycles décide d’entrer dans l’arène électorale. Il veut prouver qu’un homme de peu doit se tenir debout, que l’ambition n’est pas un privilège dans une société de castes où quelques puissantes familles se partagent le gâteau. « Je possédais un atelier de réparation de pneus crevés. L’idée m’a alors frappé qu’un homme ordinaire avec des revenus ordinaires, sans statut, pouvait se présenter à une élection », raconte-t-il à l’AFP.

Ce fut sa première déconfiture. Pas sa dernière. En 26 ans, ce don Quichotte des urnes qui n’hésite pas à défier les moulins à vent de la politique indienne, comme l’ancien Premier ministre A.B. Vajpayee et l’actuel chef du gouvernement, Manmohan Singh, a échoué à tous les scrutins. Il a dépensé 1,2 million de roupies (près de 15.000 euros) pour financer ses candidatures et gagné sa place dans le livre des records indien — à défaut d’entrer dans les livres d’Histoire. « Je ne me suis jamais présenté pour remporter une élection, le résultat m’est indifférent », assure-t-il. Son meilleur score date de 2011, lorsque 6.273 votes se sont portés sur son nom aux élections parlementaires de son Etat natal, le Tamil Nadu (sud). Paradoxalement, il finissait par entrevoir le succès grâce à sa notoriété d’éternel perdant.

Le commerçant concourt ce mercredi aux législatives dans le Gujarat (ouest), l’Etat du favori du scrutin, le nationaliste hindou Narendra Modi qui devrait chasser du pouvoir le parti du Congrès de Sonia Gandhi. « Je choisis toujours de combattre ceux qui font l’info. Pour le moment, la star des news, c’est Narendra Modi », explique fièrement Padmarajan. Il est le plus grand perdant vivant. Avant lui, Kaka Joginder Singh, mort en 1998, avait établi un record impressionnant de 300 candidatures malheureuses. Objectif difficile mais pas impossible pour Padmarajan. « Ceux qui se moquaient de moi quand je me suis présenté la première fois sont maintenant dans mon camp et voudraient que je me présente autant de fois que possible dans ma vie ».

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