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« Il n’y a aucune raison de refuser l’autorisation du glyphosate »

« Nous devons renouveler le glyphosate puisqu’il n’y a aucune raison de remettre en question les évaluations basées sur des faits scientifiques », a indiqué mardi après-midi le commissaire européen à la Santé et à la Sécurité alimentaire Vytenis Andriukaitis devant les députés européens réunis à Strasbourg.

Le commissaire européen était interpellé par les eurodéputés sur la décision de la Commission de renouveler pour dix ans l’autorisation de cette substance active du Round up, le pesticide le plus utilisé en Europe.

De plus en plus de voix s’élèvent en Europe pour questionner l’innocuité de cette substance, qu’une étude de l’OMS a qualifiée de potentiellement cancérigène.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ont par contre conclu que le glyphosate n’est sans doute pas carcinogène. « Les mêmes conclusions que l’EFSA ont été atteintes par toutes les agences de réglementation des Etats membres », a relevé le commissaire. « Et les mêmes conclusions ont été tirées par les agences japonaise, néo-zélandaise, canadiennes et australienne. Il y a une grande convergence internationale pour dire que le glyphosate n’est pas carcinogène. C’est quand même très étonnant de voir que tant d’organes et d’instances sont d’accord. »

Alors que certains eurodéputés réaffirmaient leur soutien à l’agriculture et à la science, d’autres, comme la libérale Frédérique Ries a plaidé pour que la Commission fonctionne à travers le principe de précaution. « Il faut inventer un nouveau modèle et ne plus s’aventurer dans une prolongation temporaire de l’autorisation », a-t-elle affirmé, plaidant pour un « phasing out » de la substance. Elle a également pointé les Etats membres qui « cachent leurs divisions et n’ont pas pris leurs responsabilités ».

L’eurodéputé français Eric Andrieu (S&D) a quant à lui estimé que « le renouvellement (de l’autorisation du glyphosate) ne semble pas convenir à la situation du moment », alors que la mobilisation contre la substance grandit en Europe.

L’initiative citoyenne « ban glyphosate », lancée fin janvier, a déjà récolté 980.000 déclarations de soutien dans plus de sept pays européens. Pour qu’une initiative citoyenne soit prise en compte par la Commission européenne, elle doit réunir en un an au moins un million de déclarations de soutien dans au moins sept pays européens.

L’eurodéputé socialiste Marc Tarabella a quant à lui réitéré sa demande de commission d’enquête pour faire la lumière sur les agissements de Monsanto, l’entreprise qui commercialise le glyphosate.

Mark Demesmaeker (ECR/N-VA) a lui aussi appelé à plus de transparence. « L’an dernier, j’ai voté contre la prolongation de l’autorisation du glyphosate, car il n’y avait pas de consensus scientifique sur la question cruciale de savoir si la substance est cancérigène. J’avais à l’époque plaidé pour plus de transparence et pour une enquête indépendante », a-t-il rappelé mardi après-midi. « Ce point de vue est toujours actuel. Les informations selon lesquelles Monsanto aurait commandé et manipulé des études rendent l’appel à la transparence encore plus prégnant. »

En fin de débat, Vytenis Andriukaitis a rappelé que les Etats membres pouvaient toujours décider de la façon dont le glyphosate est utilisé, et qu’ils peuvent même l’interdire, purement et simplement.

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