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Hongrie : Viktor Orban tente d’amadouer le Parlement européen

S’exprimant devant les députés européens réunis à Strasbourg ce mercredi après-midi, le Premier ministre hongrois a tenté de calmer le jeu après avoir été sommé par Bruxelles de modifier des lois controversées.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a tenté mercredi de calmer le jeu après avoir été sommé par Bruxelles de modifier des lois controversées, tout en descendant dans l’arène face aux eurodéputés qui y voient une dérive autoritaire. La veille, la Commission européenne avait annoncé le lancement de trois procédures d’infraction au droit communautaire à l’encontre de la Hongrie, à propos de réformes concernant la banque centrale, les juges, et l’autorité hongroise de protection des données. Le gouvernement hongrois a un mois pour modifier ces textes faute de poursuites.

Ramener les contentieux à des points juridiques et techniques

Descendu, ce mercredi, dans l’arène du Parlement à Strasbourg, pour s’expliquer, Viktor Orban s’est engagé à « modifier » les législations qui lui valent ces procédures d’infraction. Il a assuré que « les problèmes pourraient facilement et rapidement être résolus » et cherché à ramener les contentieux à des points juridiques et techniques pour échapper aux critiques de ses détracteurs qui l’accusent de remettre en cause la démocratie dans son pays.

« J’appelle instamment les autorités hongroises à respecter les principes de démocratie et de liberté et à les mettre en oeuvre en pratique dans ce pays », a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, sous les applaudissements des députés.

Mais alors que Viktor Orban assure qu’il était nécessaire de renouveler la constitution « communiste » dont s’était doté son pays en 1949, le coprésident des Verts, Daniel Cohn-Bendit a estimé qu’il allait ce faisant « dans la direction de MM. Chavez, Castro, et de tous les régimes totalitaires et autoritaires de ce bas monde ».
Daniel Cohn-Bendit a proposé d’envoyer une délégation parlementaire en Hongrie pour vérifier « pourquoi les sans-abri en Hongrie ont peur, pourquoi des intellectuels ont peur, pourquoi des gens de ma famille et des gens que je connais, des Juifs en Hongrie ont peur aujourd’hui ».

Le président du groupe libéral-démocrate, le Belge Guy Verhofstadt, a lui aussi estimé que M. Orban était « sur le mauvais chemin », appelant le Parlement à enquêter pour conclure « si oui ou non il y a un clair risque de violation des valeurs » démocratiques de l’UE en Hongrie. Ce qui ouvrirait la porte à des sanctions politiques très lourdes: la suspension des droits de vote du pays dans l’UE.

Soutien gêné du PPE

La démarche est soutenue par l’extrême gauche, les Verts, et également « envisagée » par les socialistes, dont le chef de file, le social-démocrate autrichien Hannes Swoboda, a estimé que la Hongrie de Viktor Orban n’aurait « pas été admise » dans l’Union européenne si elle avait posé sa candidature aujourd’hui. Celui-ci, qui dénonce un complot de la « gauche internationale », a pu compter en revanche sur le soutien de son camp politique conservateur. Le chef du groupe du Parti Populaire européen (PPE), dont fait partie le Fidesz de Viktor Orban, Joseph Daul, qui s’est dit « sûr » que M. Orban « nous prouvera que lui aussi souscrit à ces principes et à ces valeurs » de l’UE.

Un déclenchement de la procédure de sanctions pour violation des valeurs européennes est une question « ouverte », a estimé de son côté le président du Parlement, Martin Schulz, en relevant qu’il y avait, même au sein du PPE, « différentes opinions » à ce sujet.Mais elle requiert le soutien des 26 autres dirigeants européens. Majoritairement membres comme Viktor Orban du même Parti Populaire européen (PPE), ces derniers sont embarrassés ou hésitants.Si le Danemark, qui préside l’UE, juge « la situation très sérieuse » en Hongrie, le Premier ministre polonais Donald Tusk s’est dit mercredi prêt à soutenir Budapest face à des réactions politiques « exagérées ».

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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