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Hongrie : nouvelles accusations de violences envers les migrants

Le Vif

Les migrants qui tentent d’entrer en Hongrie sont « systématiquement » molestés par des policiers hongrois et témoignent de coups, d’usage de gaz lacrymogène, de chiens ou de chaussures confisquées en plein hiver, selon l’ONG Médecins Sans frontières (MSF).

« Il ne semble pas s’agir du dérapage d’un ou deux policiers mais de quelque chose de systématique, d’organisé, de routinier », a déclaré à l’AFP Christopher Stokes, directeur général de MSF.

Le responsable de l’ONG tire ce constat d’une mission effectuée fin février/début mars près de la frontière serbo-hongroise, à la hauteur de la ville serbe de Subotica et dans les centres MSF de Belgrade. Il y a interrogé des « dizaines » de migrants ayant tenté le passage clandestin de cette frontière protégée par une clôture barbelée.

Les migrants en territoire hongrois « reçoivent une sorte de forfait d’accueil, si je peux dire cyniquement, de la police aux frontières qui paraît inclure coups et gaz lacrymogène », a décrit M. Stokes.

La Hongrie a érigé à l’automne 2015 une clôture antimigrants à ses frontières serbe et croate, après avoir été un des principaux pays de transit pour les réfugiés cherchant à gagner l’ouest de l’Europe.

Suscitant les critiques des ONG, le Parlement hongrois a rétabli mardi la mise en détention systématique de tous les demandeurs d’asile présents dans le pays, une mesure supprimée en 2013 sous la pression de l’Union européenne et du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR).

Des témoignages de violences policières contre les migrants aux frontières de la Hongrie ont déjà été reproduits par d’autres ONG dans le passé et régulièrement démentis par les autorités de ce pays. Le gouvernement conservateur de Viktor Orban a depuis 2015 renforcé la législation et le dispositif policier pour empêcher les entrées de demandeurs d’asile.

Marques de muselières

« Nous avons l’habitude de traiter des cas de violences et les témoignages que nous avons recueillis concordent avec les constatations faites dans nos antennes médicales », a ajouté M. Strokes, estimant qu’il s’agit ainsi de « décourager » les migrants de se rendre en Hongrie.

De nombreux témoignages font également état de migrants étendus sur le sol sur lesquels les policiers « marchent et courent avec leurs bottes », selon M. Strokes.

L’hiver a également été l’occasion d’un « élément supplémentaire de punition », des migrants étant privés de chaussures et de certains vêtements tout en étant contraints de rester dans la neige, selon ces témoignages.

MSF évoque une « tendance à frapper les muscles » et d’autres parties du corps où les marques des coups sont moins repérables, cette ONG ayant constaté l’an dernier « plus de blessures ouvertes et de fractures ».

Des marques de muselières pour chiens ont également été détectées sur des migrants soignés.

Interrogé par l’AFP, un porte-parole du gouvernement hongrois a « vigoureusement rejeté ces allégations, assurant que les migrants ne sont « pas maltraités ».

« Les policiers et les soldats hongrois protègent en toute légalité les frontières de l’espace Schengen et respectent les réglementations européenne et hongroise », a déclaré Zoltan Kovacs à l’AFP par courrier électronique.

La police « accorde une importance particulière au traitement des migrants en toute humanité et dans le respect de leur dignité humaine », a-t-il ajouté.

Depuis la crise migratoire de 2015, le flux des demandeurs d’asile a fortement ralenti en Hongrie qui a vu 345 migrants arriver depuis le 1er janvier 2017 et 586 demandeurs d’asile y étaient comptabilisés en février.

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