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Hollande prône le rassemblement, Sarkozy remet la Nation au c½ur de la politique

François Hollande a réuni 20 000 personnes dans le Palais omnisports de Bercy, auxquelles il a tenu un discours orienté sur les valeurs d’une France « des libertés », de l’humanisme » et « de l’espérance ». De son côté, Nicolas Sarkozy a défendu le sentiment national, l’importance des frontières, et le patriotisme. Il affirme qu’il n’acceptera pas que la France se dilue dans la mondialisation.

Après avoir traversé, en serrant des multitudes de mains, le promenoir de cette vaste salle parisienne où s’étaient réunies quelque 20 000 personnes en liesse – 22 000 selon les organisateurs – le candidat PS à l’Elysée a lancé : « vous êtes là ! Ca tombe bien, je vous attendais, je vous attendais depuis si longtemps ! Depuis des années ! »

« Le changement est là, il arrive »

« Des années qu’on luttait, qu’on combattait, qu’on espérait et voilà : le changement est là, il arrive ».

François Hollande a souligné qu’il avait « voulu se concentrer sur les seuls défis qui vaillent ». « La France, celle des libertés, des conquêtes de l’humanisme, c’est cette France là qui est attendue partout dans le monde », a lancé François Hollande. « J’ai voulu m’adresser à ce qu’il y avait de meilleur dans chacun d’entre nous, j’ai refusé de flatter les sentiments médiocres ».

« Partout, on nous attend »

« Je veux que le 6 mai soit une bonne nouvelle pour les démocrates et une mauvaise nouvelle pour les dictateurs », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « la France ne peut pas manquer ce rendez-vous avec l’histoire, la France n’a pas droit à l’erreur… parce que l’erreur se paiera pendant des décennies ».

Selon lui, « jamais un scrutin n’aura décidé autant à la fois de la France et de notre Union européenne. Partout on nous espère, on nous attend ! » « Depuis des mois, les peuples européens regardent vers la France (…) je sens les positions, les positions des chefs de gouvernement conservateurs évoluer en fonction des pronostics. Nous serons là au rendez-vous ! », a-t-il poursuivi.

Le « patriotisme », pas le « nationalisme »

Comme Nicolas Sarkozy à Toulouse, François Hollande a opposé « le patriotisme » au « nationalisme ». « Le patriotisme c’est servir une cause qui est plus grande que nous, c’est ce qui nous permet de nous dépasser nous-mêmes, de dépasser nos frontières », a-t-il ajouté. Le patriotisme c’est aussi « porter des références qui valent pour nous-mêmes et pour les autres, le patriotisme c’est s’aimer soi-même pour aimer les autres et avoir peur de rien, ne rien craindre dans la compétition mondiale, dans l’Europe qui se construit », a-t-il dit.

Rassembler, du FN aux écologistes, en passant par le centre
Le candidat PS à l’Elysée s’est insurgé contre « ceux qui craquent des allumettes » et « jouent avec le feu » en mettant l’immigration et « l’étranger au coeur de cette campagne ». Depuis le début de cette campagne, « j’ai voulu m’adresser à ce qui nous rassemble et non à ce qui nous divise ». »J’ai voulu rassembler la gauche et les écologistes, voilà c’est fait au lendemain du premier tour », a-t-il ajouté. « Merci à Jean-Luc Mélenchon, et Eva Joly qui est là », a-t-il à l’adresse du candidat du Front de gauche et de la candidate écologiste du 1er tour, présente à son meeting.

« Je veux reconquérir les hommes et les femmes en colère, je comprends la souffrance de beaucoup et je vais répondre à leur cri d’alerte, je parle à tous les électeurs » mais « promettre pour se compromettre, mille fois non ! », a lancé le candidat PS. « Je veux rassembler aussi plus largement autour des valeurs de la République, de la belle idée du changement », « je veux rassembler ceux qui sont exigeants par rapport à la moralisation de la vie politique », a-t-il dit en direction du centriste François Bayrou.
« Laisser tranquilles » les religions

François Hollande a prôné « un respect scrupuleux du principe de laïcité pour toutes les religions dans la République ». « Je n’établis pas de hiérarchie entre les religions ». « Je demande les mêmes droits, les mêmes devoirs, la même liberté de culte mais aussi le respect de l’espace public, de la dignité humaine, de l’égalité entre les hommes et les femmes. Voila les principes qui nous unissent ! », a-t-il ajouté. « Chaque religion a sa place mais dans le cadre des lois de la République. Je ne fais pas de politique à travers les religions, je les laisse tranquilles parce que je ne voudrais pas que les religions interfèrent dans le débat public ».
Revenant sur un épisode récent, François Hollande a déclaré : « le candidat sortant a pu dire que j’avais été un candidat appelé par 700 mosquées ! Le Conseil français du culte musulman a lui même établi la vérité : aucun appel n’avait été lancé…. Alors, pourquoi répète-t-il à longueur de réunions que je serais toujours un candidat appelé par 700 mosquées ? » « Quitte à proférer un mensonge, il aurait pu dire 700 églises ou 700 temples ou 700 synagogues, non, 700 mosquées ! que voulait-il insinuer ? », a-t-il ironisé. « De même qu’il répète partout que je serais soutenu par un théologien, citoyen suisse (ndr : Tariq Ramadan), qui est contre tous les pouvoirs et qui n’a jamais pris position en faveur de ma candidature. S’il l’avait fait, j’aurais bien sûr renié son soutien mais me voilà quasiment investi par lui! », a-t-il continué à railler. « La répétition d’un mensonge n’a jamais fait la vérité mais quand on est président de la République – encore pour 7 jours ! – le premier devoir, c’est celui de respecter la vérité ! », a-t-il lancé devant la foule enthousiaste.

Sarkozy et l’éloge de la « Nation »

Nicolas Sarkozy a fait l’éloge de « la Nation » et de ses frontières, dimanche à Toulouse, devant plusieurs milliers de partisans, affirmant haut et fort son refus de voir la France « se diluer dans la mondialisation ». Devant plusieurs milliers de personnes, le président-candidat a appelé ses concitoyens à « être fiers d’être français ».

« Je ne veux pas laisser la France se diluer dans la mondialisation, voilà le message central du premier tour », a-t-il dit dans une allusion aux scores de Marine Le Pen (17,9%) et de Jean-Luc Mélenchon (11,1%).

Selon M. Sarkozy, « l’Europe a trop laissé s’affaiblir la Nation ». « Les pays qui gagnent aujourd’hui, c’est les pays qui croient dans l’esprit national ». Il a accusé « la pensée unique, le système, notamment le système médiatique » d’avoir « confondu le sentiment national, qui est hautement respectable, avec le nationalisme qui est une idéologie profondément dangereuse ».

Remettre les frontières au centre du débat

Mais il a demandé de ne pas confondre « l’amour de sa patrie avec la haine des autres », qui est un « sentiment détestable », une façon de se démarquer du Front national. Le candidat UMP a opposé « le patriotisme », qui est « l’amour de la patrie », au « nationalisme » qui est « la haine de l’autre ». Il a défendu la Nation, qui « est d’abord le partage d’une identité collective » et « a fait naître la République », mais aussi « la France forte », son slogan de campagne. « Quand on est fort, on n’a pas peur de s’ouvrir, d’aller vers les autres, quand on ne défend pas la Nation, on est faible », a-t-il lancé. « La France forte s’ouvre au monde, la France faible se ferme au monde », a-t-il ajouté.

M. Sarkozy a cherché à valoriser « l’identité » des Français. « Nous ne sommes pas supérieurs aux autres, mais nous sommes différents des autres et nous voulons qu’on respecte cette différence », a-t-il déclaré.

Le président-candidat a aussi insisté à plusieurs reprises sur « l’importance cruciale des frontières dans la mondialisation », alors qu' »on a voulu effacer toutes les frontières », au nom de la libre circulation des capitaux. « La France a voulu l’Europe. Elle attend de l’Europe qu’elle protège les peuples européens », a-t-il redit.
« Le 1er mai n’appartient à personne »

Nicolas Sarkozy a dénoncé son rival François Hollande qui, a-t-il affirmé, « défilera derrière les drapeaux rouges de la CGT » le 1er mai pendant que lui fêtera « tous ceux qui travaillent », lors d’une réunion publique à Toulouse. « Le 1er mai, il y aura une différence entre François Hollande et moi: François Hollande défilera derrière les drapeaux rouges de la CGT. François Hollande défilera à ce moment-là avec ceux qui divisent la France, et moi je parlerai à vous, devant une marée de drapeaux tricolores », a-t-il lancé.

« Le 1er mai n’appartient à personne. Le 1er mai, c’est la fête de tous ceux qui travaillent et qui ont travaillé toute leur vie. Je vous attends, peuple de France, le 1er mai sur l’esplanade des droits de l’Homme et sur la place du Trocadero », a poursuivi le président sortant.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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