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Hollande et Merkel appellent à « plus d’Europe » face à la crise des migrants

Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, s’adressant au Parlement européen, se sont montrés plus que jamais unis face aux « immenses défis » auxquels l’Union européenne est confrontée, la crise des réfugiés et les conflits au Moyen-Orient en tête.

Les drames aux portes de l’Europe qui poussent des milliers de personnes à risquer leur vie pour accéder au Vieux Continent ont monopolisé les interventions des deux dirigeants, invités à partager leur vision de l’Europe avec les députés européens réunis en séance plénière à Strasbourg.

François Hollande a ouvert ce débat très attendu en appelant à la « solidarité, la responsabilité et la fermeté » d’une Union en proie à de nouveaux défis, qui « justifient une Europe offensive. » Affirmant que « ce qui se passe en Syrie nous concerne tous », il a invité toute l’Europe à faire pression pour qu’une « transition politique » puisse y avoir lieu.

« Nous devons construire en Syrie, avec tous ceux qui peuvent y contribuer, un avenir politique qui donne à la population syrienne une autre alternative que Bachar al Assad ou l’Etat islamique », a-t-il déclaré, précisant que « la France a pris ses responsabilité militaire, l’Europe doit s’engager » sur le plan humanitaire et diplomatique entre autres.

Angela Merkel a à son tour affirmé que les frontières extérieures de l’UE ne serait « protégées avec succès que « si nous agissons pour résoudre les nombreuses crises dans notre voisinage ». Elle s’est largement étendue sur l' »épreuve aux dimensions historiques » que constitue la crise des réfugiés. « C’est la tâche de l’Europe et du monde entier de faire en sorte que ces êtres humains aient une vie digne dans leur pays », a dit la Chancelière, insistant sur le fait qu' »on ne peut pas faire cavalier seul dans cette crise ». « Ce n’est qu’ensemble que nous parviendrons à répondre aux causes de l’afflux de migrants. »

Construire une politique d’asile commune

Les deux dirigeants ont à ce titre parlé d’une seule voix pour construire une politique d’asile commune en Europe. La chancelière a en outre constaté l’échec des règles européennes encadrant l’accueil des nouveaux-venus. « Soyons francs, le processus de Dublin (en vertu duquel les réfugiés doivent demander l’asile dans le premier pays européen où ils sont arrivés, ndlr), dans sa forme actuelle, est obsolète », a-t-elle déclaré appelant à le réformer. La chancelière a aussi abordé l’intégration des demandeurs d’asile, autre « défi à surmonter ensemble ». « Il faut que les règles qui prévalent chez nous soient respectée, et que les langues soient apprises » a-t-elle souligné, ajoutant encore que les demandeurs d’asile doivent par ailleurs « être accueillis avec respect ».

Les applaudissements nourris des députés européens lors de l’intervention des leaders, n’ont cependant pas pu masquer le chahut des eurosceptiques lors des plaidoyers pour plus d’intégration européenne. « Une fédération des Etats nations doit rester notre horizon », a-t-il conclu pour sa part le président Hollande. « Se cloisonner, se fermer, à l’époque de l’internet, c’est une illusion », a pour sa part insisté Mme Merkel. « Nous devons nous en tenir à nos valeurs, si nous ne respectons pas cela, nous nous méprisons nous-mêmes », a-t-elle ajouté.

L’intervention conjointe des deux dirigeants au Parlement européen survenait près de 25 ans après la venue dans l’hémicycle européen du couple franco-allemand composé de François Mitterrand et Helmut Kohl, après la chute du mur de Berlin. « Un signal symboliquement fort » auquel il convient d’accorder une juste place, selon l’eurodéputé Claude Rolin (CdH). Si « le moteur franco-allemand peut certes contribuer aux avancées européennes, il ne doit pas « polluer l’expression d’une Union composée de 28 États », a-t-il souligné après le débat, regrettant l’approche encore trop intergouvernementale de la démarche. Afin d’éviter au projet européen de « perdre une nouvelle décennie », l’eurodéputé libéral Guy Verhofstadt (Open Vld) a pour sa part conseillé au couple franco-allemand de se débarrasser des « mauvaises attitudes » communes aux dirigeants européens, à savoir de considérer l’Europe « à la carte », d’avancer « pas à pas », et d’avoir une « vision dépassée » du monde. Quant à l’élu nationaliste Mark Demesmaeker (N-VA), favorable à une Europe confédérale en revanche, il a regretté ne pas voir émerger un axe plutôt britanico-allemand pour l’Europe.

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