Gérald Papy

Hollande après Sarkozy : le renouveau, c’est maintenant

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le retrait inédit de la course à la présidentielle de 2017 du président français en exercice ouvre la voie à Manuel Valls. Mais le bilan ne pourra être que partagé. Le Premier ministre socialiste peut-il espérer faire mieux que limiter la casse ?

En quinze jours, un ancien président, Nicolas Sarkozy, par le vote des militants, et le président en exercice, François Hollande, par la pression de l’opinion publique défavorable, ont été renvoyés à leurs chères études par les Français. Pareil pour Alain Juppé, longtemps considéré comme « le meilleur d’entre nous » selon la formule de Jacques Chirac, défait lors de la primaire de la droite et du centre. La France tourne donc une page de son histoire politique. Que ses deux derniers chefs d’État soient empêchés de poursuivre leur action est assurément un événement marquant. Une analyse plus approfondie, que seul autorise un certain recul, devra déterminer si cette évolution est le résultat soit d’une détestation sans précédent des personnalités de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, soit une propension sociétale à une forme de zapping compulsif, même en politique.

Peu ou prou, la France entre en tout cas dans une ère de renouveau, même si les figures qui feront l’élection du printemps prochain, hors Emmanuel Macron, ne sont pas novices sur l’échiquier politique : Marine Le Pen dirige le Front national depuis 2011 ; François Fillon a été Premier ministre-collaborateur de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012 ; et Manuel Valls, s’il annonce comme attendu sa candidature ces prochaines heures, aura été le deuxième chef de l’exécutif de la présidence Hollande pendant près de trois ans (2014-2016).

u0022Pour le Parti socialiste français, l’enjeu de 2017 est d’éviter une marginalisation comme le Pasok l’a subi en Grèceu0022

La tâche de ce dernier s’annonce rude. Certes le sage renoncement de François Hollande évitera sans doute à la gauche de gouvernement une humiliation (élimination dès la primaire de la gauche en janvier ; une quatrième ou cinquième position au premier tour de la présidentielle). Mais on ne voit pas, au stade actuel, comment même un Manuel Valls survitaminé pourrait sauver son camp de la défaite. Le discours de François Hollande jeudi soir l’a démontré : ce fut un exercice d’équilibriste entre la défense d’un bilan présenté comme plus solide que ce que les commentateurs en disent (ce qui, selon cette analyse, aurait justifié que Hollande reparte pour un tour) et la justification, plus personnelle, d’un renoncement. Comment Manuel Valls pourrait-il, lui, se fonder sur les mérites de l’action de son gouvernement pour convaincre les Français de le propulser à la fonction suprême ?

Pour le Parti socialiste français à l’horizon de 2017, l’enjeu n’est sans doute pas là. Il réside plutôt dans sa capacité à éviter un scénario catastrophique à la grecque : une marginalisation des socialistes du Pasok face à l’émergence, comme première force de gauche, d’un mouvement plus radical, le Syriza d’Alexis Tsipras. Avec dans le rôle de celui-ci en France, un Jean-Luc Mélenchon, ou, sur un autre spectre politique, un Emmanuel Macron. Quoi qu’il en soit, force est de constater qu’au terme de son mandat, François Hollande a réussi à placer les socialistes au bord du gouffre. Décidément – sa décision de jeudi en aura encore fourni la preuve – François Hollande n’aura en rien été un… président normal.

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