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Hillary Clinton reprend le flambeau démocrate

Hillary Clinton prononce jeudi à Philadelphie le plus grand discours de sa longue carrière, avec la volonté de proposer aux Américains, appelés aux urnes en novembre, un projet qui contraste avec la sombre vision de son opposant républicain.

Alors que la candidate démocrate à la Maison Blanche, officiellement désignée mardi à la convention d’investiture démocrate, restait enfermée pour peaufiner son discours, son entourage expliquait qu’Hillary Clinton s’appuierait sur Donald Trump comme un repoussoir.

« C’est l’heure de vérité, l’Amérique a un choix à faire », a dit Jennifer Palmieri, sa directrice de la communication, lors d’un chat avec le New York Times à Philadelphie.

« Donald Trump a été un bon opposant pour elle, car il lui a permis d’exprimer des aspects fondamentaux de sa personnalité », a ajouté cette proche.

Deux présidents ont préparé le terrain cette semaine à la tribune du Wells Fargo Center, une salle omnisports reconvertie pour l’occasion.

Bill Clinton a raconté Hillary la femme, tandis que Barack Obama, dans un discours blockbuster, a fait d’elle son héritière politique, louant ses qualités de femme d’Etat et la présentant comme le seul recours contre un homme incarnant selon lui l’antithèse des valeurs américaines, Donald Trump.

« Notre force, notre grandeur ne dépendent pas de Donald Trump », a déclaré Barack Obama, exhortant les Américains de ne pas céder aux sirènes des « démagogues ».

« Je vous demande de rejeter le cynisme, de rejeter la peur, d’exprimer ce que nous avons de meilleur en nous, et d’élire Hillary Clinton présidente des Etats-Unis ».

– Trump et la Russie –

Après cette éloquente prestation du président, Hillary Clinton devra trouver les mots pour susciter l’adhésion des Américains déçus, sans paraître négliger leurs inquiétudes face à la stagnation des salaires ou la répétition des tueries et des attentats, d’Orlando à Nice.

« Donald Trump fait beaucoup de grandes promesses, et certaines personnes y sont sensibles », a reconnu Robby Mook, le directeur de campagne de la démocrate, sur CBS. « Ce soir, Hillary va faire en sorte que les gens connaissent les faits, à savoir que (Trump) au cours de sa vie s’est enrichi et a construit sa notoriété sur le dos des travailleurs ».

Elle pourrait recourir, comme elle l’a fait en juin à San Diego, au ton mordant qu’elle avait employé pour railler un Donald Trump mesquin et susceptible, incapable d’assumer la responsabilité du bouton nucléaire.

La déclaration du républicain appelant la Russie, par voie de piratage informatique, à retrouver les 30.000 messages effacés du serveur privé d’Hillary Clinton, était du pain bénit pour les démocrates, qui se sont précipités pour dénoncer son irresponsabilité.

« Evidemment, j’étais sarcastique », s’est défendu Donald Trump sur Fox News.

– Cols blancs –

L’ancienne Première dame, sénatrice et chef de la diplomatie sait aussi qu’elle doit stopper la dégradation de son image.

Plus de 55% des Américains ont une opinion défavorable d’elle, selon les enquêtes d’opinion, une cote très dégradée durant les primaires, sous les coups de boutoir des républicains et de son ex-rival Bernie Sanders, qui s’est toutefois rallié au nom de l’unité.

Barack Obama a lui-même fait allusion aux mécontents de l’aile gauche du parti, les appelant à la raison face aux enjeux.

Pour départager ces deux candidats mal aimés, l’électorat blanc, qui représentait 72% des votants à l’élection de 2012, sera déterminant. C’est ce qui explique l’itinéraire de la première tournée d’Hillary Clinton comme candidate officielle.

Hillary Clinton et son colistier Tim Kaine partiront vendredi en car en Pennsylvanie et dans l’Ohio, en pleine « Rust Belt », ces anciens hauts lieux de l’industrie victimes de la mondialisation et dont Donald Trump convoite la population blanche et ouvrière.

Les Blancs sont favorables à 56% au républicain, selon un sondage CNN. Chez ceux sans diplôme, la proportion monte à deux tiers.

« Le parti démocrate a beaucoup de travail à faire pour retrouver la confiance de ces gens-là », estimait jeudi à Philadelphie Jeff Weaver, proche de Bernie Sanders.

Hillary Clinton espère que son grand oral de jeudi lui donnera une impulsion, alors que Donald Trump l’a rattrapée dans les sondages.

A ce jour, elle a au moins battu l’homme d’affaires dans le nombre de téléspectateurs ayant suivi sa convention, quelque 25 millions mardi soir.

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