Hashim Thaçi, nouveau président du Kosovo © AFP

Hashim Thaçi, ancien chef de la guérilla, élu président du Kosovo

Le Vif

Hashim Thaçi, qui a été élu vendredi président du Kosovo par le Parlement, est un ancien guérillero reconverti dans la politique, qui a mené son pays à l’indépendance en 2008 et qui ambitionne désormais de l’amener aux portes de l’Union européenne.

Depuis près de deux décennies, il occupe les devants de la scène politique kosovare. Il avait été un commandant emblématique de la guérilla indépendantiste albanaise kosovare, qui a combattu les forces serbes durant le conflit de 1998-99, avant de devenir Premier ministre (2008-2014), puis le chef de la diplomatie, en décembre 2014.

Reconverti en homme politique après le conflit, Hashim Thaçi, 47 ans, a négocié avec ses anciens ennemis serbes et conclu en avril 2013, sous la houlette de l’Union européenne, un accord historique de « normalisation des relations » entre Pristina et Belgrade.

Cet accord a notamment permis au Kosovo de signer avec Bruxelles un accord de « stabilisation et d’association », première étape sur le long chemin d’adhésion à l’Europe des Vingt-Huit.

De stature imposante, cheveux poivre et sel, élégant, M. Thaçi est accusé de corruption par l’opposition qui lui reproche également de vouloir s’accrocher au pouvoir et qui a manifesté sans relâche à Pristina pour empêcher son élection.

M. Thaçi demeure toutefois confiant, en assurant, dans un récent entretien à l’AFP, qu’il serait un président « symbole de l’unité de tous les citoyens duKosovo ».

Ses sympathisants font valoir qu’il est l’unique véritable homme d’État capable de communiquer avec la communauté internationale et de faire adhérer le pays à l’UE et l’Otan.

La popularité de Hashim Thaçi a atteint son pic lorsque le Kosovo a proclamé son indépendance en 2008, mais un coup très fort a ensuite été porté à sa réputation, en 2010, quand un rapport du Conseil de l’Europe a mentionné son nom ainsi que ceux d’autres responsables kosovars, dans une affaire de trafic d’organes.

M. Thaçi a fermement réfuté ces accusations portant sur une période où il était chef de la guérilla (UCK).

Selon le rapport, l’UCK avait organisé des camps de détention pour des Serbes et des personnes soupçonnées de collaboration avec Belgrade. Des prisonniers, pour la plupart des Serbes, y auraient été tués et leurs organes auraient été prélevés pour être vendus ensuite au marché noir.

De la résistance pacifique au maquis

Né le 24 avril 1968 dans le village de Brocna, dans la région de la Drenica (centre), berceau du séparatisme kosovar albanais, Hashim Thaçi a participé dès le début des années 1990 à un mouvement de « résistance passive » face aux autorités de Belgrade.

Persuadé que cette politique impulsée par le « père de la nation » kosovare albanaise, Ibrahim Rugova, ne donnerait aucun résultat, il décida avec d’autres indépendantistes, de créer un mouvement de guérilla au milieu des années 1990.

Condamné par contumace à 22 ans de prison pour terrorisme par un tribunal serbe, il se réfugie en Suisse où il étudie l’histoire.

En 1997, il retourne au Kosovo et fonde avec d’autres leaders indépendantistes l’UCK qui, en mai 1998, contrôle déjà un quart du territoire du Kosovo. Hashim Thaçi a alors à peine 30 ans.

Pendant le conflit de 1998-99, M. Thaçi, alias « Le Serpent » dans la clandestinité, devient « Premier ministre » du « gouvernement provisoire » du Kosovo.

Il apparaît sur la scène politique internationale en 1999 à la conférence de paix de Rambouillet (France) où il s’affirme, fort du soutien des États-Unis, comme le chef des négociateurs kosovars albanais.

Mais les années passées à la tête du gouvernement kosovar ont été marquées par des difficultés économiques, avec un chômage qui touche presque la moitié des 1,8 million d’habitants, et des affaires de corruption dans son entourage épinglées par la Commission européenne.

Marié et père d’un enfant, M. Thaçi parle anglais et allemand. Cet homme ambitieux qui assure avoir toujours rêvé d’intégrer le Kosovo dans l’UE est devenu particulièrement actif sur Facebook et Twitter, dans l’espoir d’attirer de jeunes supporteurs.

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