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Haro sur l’ancien président Sarkozy?

Le Vif

« Tout sauf Sarkozy »: une puissante motivation pour Éric, électeur socialiste, qui brave le mauvais temps dimanche pour participer à la primaire de la droite française, d’où sortira le président potentiel de 2017.

Avant son footing dominical, ce professeur de sport quinquagénaire a choisi d’aller voter dans sa banlieue parisienne, surtout « contre Sarkozy »: « j’en ai marre de ce type, trop démago, trop vulgaire, trop de casseroles », explique-t-il à l’AFP.

La grande inconnue est de savoir si, comme Éric, d’autres électeurs de gauche vont payer deux euros pour prendre part au scrutin qui s’annonce serré entre trois des candidats: Tout comme l’ancien Premier ministre Alain Juppé, Nicolas Sarkozy est crédité de 29% des intentions de vote, légèrement devancé par son ancien chef de gouvernement François Fillon (30%), selon un sondage publié vendredi.

Chez les électeurs, comme dans son propre camp, l’ancien chef de l’État français (2007-2012) déchaîne les passions… et les inimitiés. Au point qu’existe depuis plusieurs années l’expression en forme de slogan « ToutSaufSarko », alias TSS, dotée d’un mot-dièse sur les réseaux sociaux.

Les deux premiers débats télévisés de la primaire « ont donné clairement à voir le Tout Sauf Sarko », estime Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof de Sciences Po, une prestigieuse université française.

Et en effet, Nicolas Sarkozy fut la cible des tirs croisés de ses adversaires.

Le 3e débat, à trois jours de la primaire, s’est joué davantage à fleurets mouchetés, les compétiteurs de l’ancien président se « gardant bien de ré-exprimer trop ouvertement le tout sauf Sarkozy », souligne le chercheur, auprès de l’AFP.

Mais le « La » a été donné tôt dans la campagne des sept candidats en lice. Les uns ont ironisé sur les déboires judiciaires de l’ancien président (mis en examen notamment pour financement illégal de campagne), les autres sur ses reniements et ses « agitations ». Sur fond, parfois, de fort ressentiment vis-à-vis de l’ancien président « Bling-Bling » aux petites phrases assassines ou condescendantes.

– Mobilisation –

Gérard, 65 ans, qui vote à Lyon (centre-est), a choisi François Fillon, après avoir hésité à « voter, par anti-sarkozysme, pour Alain Juppé ».

« Chez les sympathisants Les Républicains, Nicolas Sarkozy fait la course en tête », estime néanmoins Bruno Cautrès.

« S’il n’y avait que le noyau dur du parti » qui votait, « ce serait favorable à Nicolas Sarkozy », renchérit à Nice (sud-est) François Dunan, observateur filloniste des opérations de vote.

Reste que des électeurs de gauche pourraient se mobiliser pour contrer son éventuel retour, poussés par la conviction résignée que la gauche sera éliminée dès le premier tour de la présidentielle. Suivrait alors un second tour droite – extrême droite.

Des électeurs du Front national de Marine Le Pen pourraient-ils faire de même ? M. Cautrès n’y croit guère. « Je ne vois pas du tout les électeurs Front national voter Juppé à la primaire. Quant à Fillon, ils l’associent à Sarkozy puisqu’il a été son Premier ministre et pour eux, ce sont des gens qui ont trahi… J’attends de voir, déjà, si les électeurs de gauche vont aller voter Alain Juppé », le plus modéré, qui s’adresse aux centristes quand la plupart de ses concurrents misent sur une droite dure.

La participation semblait en tous cas forte dimanche. Selon un responsable de la commission d’organisation de la primaire, 1,13 million de personnes avaient voté à midi et plus de 3 millions étaient attendues sur la journée. Le premier tour de la primaire du Parti socialiste en 2011 avait attiré 2,66 millions de votants.

Si Nicolas Sarkozy se qualifie au premier tour, la « tentation TSS » sera là au second tour, estiment des analystes.

« Dans toutes les enquêtes de second tour — qu’il faut prendre avec prudence avant de connaître les résultats du premier — le second tour s’apparente à un référendum anti-Sarkozy et ça ne lui est pas favorable », indique Frédéric Dabi de l’institut de sondages IFOP.

« Le front anti-Sarkozy voudra exister bien sûr », convient Bruno Cautrès, mais tout dépend de l’adversaire – la donne n’étant pas la même face à Juppé ou Fillon – et du score.

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