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Haïti : Duvalier intéressé par la présidence ?

Jean-Claude Duvalier a pour objectif d’être candidat à une nouvelle élection présidentielle en Haïti et d’être élu, a déclaré son porte-parole Henri-Robert Sterlin, trois jours après le retour inopiné de l’ancien dictateur. L’ancien dictateur a cependant nié ces informations.

M. Sterlin, ancien ambassadeur d’Haïti à Paris, a expliqué que le retour dimanche soir de « Baby Doc », après 25 années d’exil en France, visait à provoquer l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle, les résultats du premier tour du 28 novembre étant contestés. « Il faut tout bouleverser pour qu’on annule les élections », a déclaré M. Sterlin. « Et qu’après il y ait de nouvelles élections générales où Duvalier se présente. Et là, bingo » (il est élu).

« Je démens, de la manière la plus formelle qui soit, toutes déclarations politiques qui me seraient imputées par un prétendu porte-parole, et faisant tout particulièrement allusion à des scénarios en relation avec le processus électoral en cours en Haïti », a déclaré M. Duvalier dans un communiqué portant sa signature, transmis à l’AFP par sa compagne Véronique Roy.

Trois jours après son retour surprise à Port-au-Prince et 25 ans d’exil en France, « Baby Doc », 59 ans, est apparu brièvement à la mi-journée à une cinquantaine de partisans qui l’ont acclamé à l’extérieur de son hôtel.

L’ancien dictateur est tenu responsable par des organisations internationales de défense des droits de l’homme de la mort de milliers d’opposants sous sa présidence (1971-86). Mercredi, quatre plaintes pour crimes contre l’humanité ont été déposées contre lui devant la justice haïtienne. Il est déjà inculpé depuis mardi de corruption, détournements de fonds publics et association de malfaiteurs.

Son retour a coïncidé avec la date à laquelle aurait dû être organisé le deuxième tour de la présidentielle. Mais les résultats définitifs du premier tour n’ont toujours pas été proclamés.

Mercredi, un autre ancien président haïtien a aussi fait parler de lui: Jean-Bertrand Aristide a dit être « prêt » à rentrer dans son pays après plus six ans d’exil en Afrique du Sud, dans un communiqué envoyé à l’AFP.

La phase contentieuse de la présidentielle relancée

Le Conseil électoral haïtien (CEP) a annoncé mercredi soir la poursuite du processus électoral avec la reprise de la phase contentieuse pour la présidentielle dont un deuxième tour initialement prévu le 16 janvier a été reporté. « Les dernières contestations relatives aux résultats préliminaires de la présidentielle seront entendues au Bureau du contentieux électoral départemental (BCED) le vendredi 21 janvier 2011 et devant le bureau national (BCEN) à partir du 24 janvier », stipule le CEP dans un communiqué.

Les résultats du premier tour publiés début décembre avaient classé l’ex-première dame Mirlande Manigat en première position avec 31% des suffrages devant le candidat Jude Célestin soutenu par le pouvoir (22%). Ils étaient tous deux qualifiés pour le second tour.

Le chanteur Michel Martelly, arrivé en troisième position avec 21% des voix, a rejeté ces résultats et ses partisans avaient violemment manifesté dans le pays pour exiger sa réintégration dans la course. Un groupe de 12 candidats à la présidence continue de réclamer l’annulation des élections, selon eux, entachées de fraudes en faveur du candidat du pouvoir.

Pour tenter de calmer la situation, le président sortant René Préval avait demandé à l’Organisation des Etats américains (OEA) de dépêcher sur place une mission d’experts pour évaluer le processus électoral.

Dans son rapport remis lundi aux autorités haïtiennes, la mission suggérerait d’écarter Jude Célestin au profit de Michel Martelly. Mardi, le CEP a indiqué qu’il tiendrait compte des recommandations techniques de la mission pour la réalisation du deuxième tour du scrutin.

L’épidémie de choléra ralentit

Par ailleurs, l’épidémie de choléra continue de ralentir, avec huit décès par jour la semaine dernière, pour un total de 3.889 morts au 16 janvier, indique le dernier bilan du ministère haïtien de la Santé divulgué. Depuis l’éclosion de l’épidémie à la mi-octobre, 194.000 personnes ont été officiellement infectées dans le pays le plus pauvre de l’hémisphère nord, dont 109.000 ont été hospitalisées.

La progression enregistrée entre le 12 et le 16 janvier a été la plus lente en trois mois, souligne un graphique des autorités. Trois décès ont été comptabilisés le 15 janvier, soit le chiffre le plus faible depuis la mi-octobre, contre plus de 70 le 27 décembre et plus de 105 le 19 décembre, selon le document.

Le Vif.be, avec Belga

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