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Guinée : retour au calme malgré des incidents « isolés »

La victoire d’Alpha Condé à l’élection présidentielle de Guinée est contestée par son opposant, Cellou Dallein Diallo. Le calme est revenu malgré certains incidents « isolés ». Selon une source policère, deux nouveaux morts sont à déplorer. Le bilan s’élève à quatre personnes décédées depuis lundi soir.

Selon une source policière, les violences post-électorales ont fait deux nouveaux morts.

« Ce matin à Conakry, un homme a été tué par un soldat. Il y a eu une dispute entre eux, l’homme a voulu s’échapper, et le soldat lui a tiré dans la nuque », a indiqué une source policière. A Pita, ville de Moyenne-Guinée, des partisans de Cellou Dalein Diallo ont manifesté et pillé deux villas, lorsqu’un voisin, partisan du camp opposé, a tiré « tuant l’un d’eux et en blessant 14 », selon un membre de la section locale de la Croix-Rouge.

Ces deux morts s’ajoutent au décès d’une personne lors d’incidents lundi à Conakry, rapporté par la police, et à celui d’une autre personne dans une ville de Moyenne-Guinée, Dalaba, dans la nuit de lundi à mardi, selon des témoins.

Retour au calme malgré ces « incidents isolés »

Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, Said Djinnit, a estimé lundi qu’en dépit « d’incidents isolés » à Conakry, la Guinée était « généralement calme ».

« Je rends hommage à l’attitude responsable des candidats qui ont appelé leurs partisans au calme. Je me réjouis du fait que la population ait suivi ces appels, puisque le pays et Conakry sont généralement calmes, en dépit des incidents qui ont été signalés hier (lundi) soir », a déclaré M. Djinnit.

Il a souhaité que les Guinéens « savourent, mardi, le moment de la fête de l’Aïd », une des plus importantes fêtes musulmanes et « attendent tranquillement la proclamation des résultats par la Cour suprême ».

Alpha Condé : vainqueur de l’élection présidentielle

A près de 73 ans, Alpha Condé, Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), devient le nouveau président de la Guinée avec 52,5% de voix au second tour contre 47,4%. Il est une figure historique de l’opposition dont le combat politique remonte à la fin des années 1950.

Bien que les observateurs internationaux jugent le scrutin libre et équitable, son opposant, l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, et ses partisans contestent les résultats et demandent qu’ils soient examinés par la Cour suprême.

Fraudes et heurts évoqués Durant la journée précédant l’annonce du vainqueur, de nombreux affrontements ont eu lieu entre les partisans de M. Diallo et les forces de police à Conakry, la capitale. Corinne Dufka, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest au sein de l’organisation Human Rights Watch, a dit disposer d’informations faisant état d’un mort et d’au moins vingt blessés lundi, certains touchés par balles.

Afin d’éviter de nouvelles violences, Cellou Dalein Diallo a lancé lundi soir, « un appel pressant » à ses électeurs leur enjoignant de faire preuve « de calme et de retenue et d’éviter les provocations (…) de toutes natures ». « Je ne peux pas admettre qu’au nom de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, son parti, ndlr), en mon nom et des partis alliés, des biens de citoyens soient détruits ou leur sécurité menacée », a-t-il précisé.

Il ajoute que si la Cour suprême « accepte d’examiner objectivement nos réclamations, j’ai l’espoir d’être rétabli dans mes droits de vainqueur ». Lors du premier tour, Alpha Condé avait réalisé un score plutôt décevant, ne réunissant qu’un peu plus de 18% des voix. C’est durant le second tour qu’il a renversé la tendance et qu’il est passé devant Cellou Dalein Diallo, qui partait pourtant favori.

A New York, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé « une fois de plus tous les Guinéens, dans l’intérêt de la nation, à accepter les résultats de cette élection et à régler tout différent par des moyens légaux ».

« Dangereux accès de violences communautaires » Selon Corinne Dufka, « Ces dangereux accès de violences communautaires et les excès des forces de sécurité sont un signe montrant à quel point la Guinée a besoin d’un Etat de droit », a-t-elle expliqué. « Les commandants militaires doivent immédiatement maîtriser (les forces de sécurité) et assumer leur responsabilité de protéger la vie de tous les Guinéens ».

M. Diallo est issu de l’ethnie peule, majoritaire en Guinée, et M. Condé est un Malinké, la deuxième ethnie la plus importante du pays. Peuls et Malinkés se sont affrontés dans l’histoire de la Guinée bien avant l’indépendance en 1958, dans la douleur, de l’ancienne colonie française.

Le Vif.be, avec L’Express.fr et Belga

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