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Grèce : Lucas Papademos, le profil rassurant d’un financier chevronné

Lucas Papademos, chargé jeudi de former un gouvernement de coalition en Grèce, offre le profil rassurant d’un ancien banquier central, expert en questions financières pour un pays qu’il a contribué à arrimer à l’euro.

Son passage au poste de vice-président de la Banque centrale européenne (2002-2010) a permis à ce socio-libéral aux allures de collégien studieux de gagner l’estime des milieux politiques et financiers internationaux. Cette stature lui valait de figurer parmi les conseillers économiques du Premier ministre grec sortant Georges Papandréou.

Comme bras droit de Jean-Claude Trichet, qui a présidé la BCE jusqu’en octobre, Lucas Papademos, 64 ans, a été un vrai moteur intellectuel de la direction de l’institution européenne.

Mais il a toujours privilégié la discrétion des hommes de l’ombre, laissant l’avant-scène à son patron, même s’il figurait régulièrement à ses côtés lors des conférences de presse mensuelles de la Banque européenne.

Ce profil de gestionnaire sans esbroufe et rigoureux pourrait apaiser une Grèce déchirée par une crise politique venue s’ajouter à une récession qui prend des airs de dépression au bout de quatre ans de marasme économique.

C’est aussi un Européen convaincu, au fait de tous les tours et détours qui ont conduit la Grèce dans la zone euro, où il l’ancrera durant son poste de gouverneur de la Banque centrale de Grèce

(1994-2002), en partenariat avec le Premier ministre socialiste Costas Simitis.

Désigné à la tête d’une équipe chargée de confirmer ce choix, face à des partenaires évoquant désormais ouvertement une sortie de la monnaie commune, M. Papademos devra superviser la mise en oeuvre de l’accord européen de désendettement de la Grèce conclu les 26 et 27 octobre à Bruxelles.

Cet accord doit permettre d’alléger de 100 milliards d’euros environ la dette publique du pays de 350 milliards, via l’effacement de créances par les banques et fonds d’investissements privés, qui devront consentir à perdre 50% de leur mise initiale.

Commentant une première mouture de ce plan, élaborée en juillet mais moins favorable à la Grèce, M. Papademos avait exprimé son scepticisme sur le principe d’une décote: « Le bénéfice économique d’une restructuration de la dette sera beaucoup moins important qu’on le dit et cette démarche comporte d’importants risques pour la Grèce et l’eurozone », avait-il déclaré au quotidien grec To Vima.

Une décote de 50% doit logiquement conduire à la nationalisation des banques grecques, ce qui n’est pas du goût du système bancaire en Grèce et constitue un paradoxe dans un Etat en quasi-faillite.

Depuis le début de la crise, une petite banque, Proton, a déjà été nationalisée via le fonds de soutien mis en place.

M. Papademos semble en tout cas jouir de la confiance de l’Allemagne, partenaire clé d’Athènes dans la tourmente actuelle. Selon des médias allemands, Berlin aurait souhaité à l’orée de la crise de la dette grecque, à l’hiver 2010, le charger de veiller pour l’UE à la mise en place du plan de redressement budgétaire.

Comme nombre de membres de l’élite grecque, cet ancien professeur à l’université d’Athènes a fait une partie de ses études aux Etats-Unis où il a obtenu un diplôme d’économiste, doublé d’un doctorat en philosophie à l’université du Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Après son départ de la BCE, il était reparti outre-Atlantique pour donner des cours à la prestigieuse université de Harvard. Jusqu’ici, il n’avait pas semblé très pressé de retrouver le bouillonnement de la politique grecque, déclinant, en juin, un premier appel à l’aide de M. Papandréou qui lui demandait de prendre la direction du ministère des Finances.

Le titre de son cours à Harvard ? « La crise économique mondiale: réponses et défis ».

Le Vif.be, avec Belga

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