© Reuters

Glyphosate : Anglela Merkel tance son ministre de l’Agriculture

Angela Merkel a critiqué mardi son ministre de l’Agriculture, Christian Schmidt, pour avoir enfreint la ligne du gouvernement en se prononçant pour la reconduction de l’autorisation du glyphosate, tentant ainsi d’apaiser la tempête politique déclenchée par ce vote surprise.

Le feu vert concernant cet herbicide controversé donné lundi à Bruxelles par le ministre conservateur bavarois « n’a pas correspondu à la position sur laquelle le gouvernement s’était mis d’accord », a affirmé Angela Merkel à Berlin. Elle a précisé s’être entretenue avec Christian Schmidt, originaire de l’une des régions les plus riches mais aussi les plus agricoles d’Allemagne, et insisté sur le fait qu' »un tel incident » ne devait « pas se répéter ».

Le ministre est membre du parti chrétien-social CSU, l’allié bavarois du mouvement démocrate-chrétien (CDU) de la chancelière. A la surprise générale, l’Allemagne a voté lundi à Bruxelles en faveur de la reconduction pour cinq ans de la licence du glyphosate, substance active de nombreux désherbants vivement soupçonnée d’être cancérigène.

C’est en grande partie en raison de ce retournement de l’Allemagne que le oui l’a emporté, déclenchant l’ire des opposants à cette mesure. Dans les précédents votes, Berlin s’était abstenu car le ministère de l’Environnement, dirigé par les sociaux-démocrates, était opposé à la reconduction de l’autorisation de cet herbicide, en opposition sur ce point avec celui de l’Agriculture.

Depuis des années, les écologistes dénoncent les dangers de cette molécule controversée, mise au point il y a plus de quarante ans par l’Américain Monsanto, engagé dans une délicate fusion avec l’Allemand Bayer.

En Allemagne, la décision unilatérale du ministre a déclenché une polémique qui tombe particulièrement mal: elle survient au moment où les conservateurs d’Angela Merkel tentent de convaincre les sociaux-démocrates du SPD de s’allier à eux pour former un nouveau gouvernement.

Deux mois après les législatives qui n’ont pas permis de dégager une majorité gouvernementale claire, la chancelière et ses ministres n’assurent actuellement plus que les affaires courantes. Une situation qui restreint sa marge de manoeuvre pour éventuellement réclamer la démission de son ministre de l’Agriculture.

Les conservateurs pourraient engager des pourparlers avec les sociaux-démocrates avec lesquels ils ont déjà gouverné mais ces derniers ne décolèrent pas depuis lundi. Les Verts ont quant à eux réclamé le limogeage du ministre conservateur. Ce dernier a admis avoir agi seul dans ce dossier. « J’ai pris la décision par moi-même et dans le cadre de mon domaine de compétence ministérielle », a-t-il affirmé.

Contenu partenaire