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Gaza: tensions et affrontements sanglants depuis une semaine

Le Vif

Des dizaines de milliers de Palestiniens mènent depuis le 30 mars une « grande marche du retour », prévoyant des rassemblements et campements durant six semaines à la frontière entre Israël et la bande de Gaza.

Le mouvement réclame « le droit au retour » de quelque 700.000 Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d’Israël en 1948.

Trente Palestiniens sont morts depuis le début de ces affrontements, le 30 mars, dans leur grande majorité à la suite de tirs de soldats israéliens.

Journée sanglante

Le 30 mars, des dizaines de milliers de Palestiniens, notamment des femmes et des enfants, convergent le long de la barrière frontalière qui sépare la bande de Gaza d’Israël. Quelques groupes affrontent les soldats israéliens, jetant des pierres et des cocktails Molotov.

Ces derniers ripostent à balles réelles, tuant 19 Palestiniens, bilan le plus sanglant depuis la dernière guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas en 2014.

Le président palestinien Mahmoud Abbas déclare tenir Israël pleinement responsable de ces morts.

La Turquie dénonce un « usage disproportionné » de la force. La Ligue arabe, l’Egypte et la Jordanie condamnent la riposte israélienne.

Officiellement organisée par la société civile, « la marche du retour » est soutenue par le Hamas, qui contrôle l’enclave palestinienne.

Netanyahu loue ses soldats

Le lendemain, des milliers de Gazaouis prennent part aux funérailles de manifestants tués. Seuls quelques centaines retournent sur plusieurs zones près de la frontière pour poursuivre la « marche du retour ».

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu félicite l’armée pour avoir « protégé les frontières du pays ». « Bravo à nos soldats », écrit-il.

Les Etats-Unis bloquent un projet de déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU appelant « toutes les parties à la retenue et à prévenir toute escalade supplémentaire », et demandant une enquête sur les affrontements.

Rejet d’enquête indépendante

Le 1er avril, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman qualifie d' »hypocrites » les appels à ouvrir une enquête. « Nous ne coopérerons avec aucune commission d’enquête ». La veille, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini ont réclamé une enquête sur l’usage par Israël de balles réelles.

La Paix Maintenant, une ONG opposée à l’occupation des territoires palestiniens, dénonce la politique de la « gâchette facile » suivie par l’armée sous les ordres du gouvernement.

Le 2, quelques dizaines de jeunes Palestiniens dressent des tentes près d’Erez, un point de passage vers Israël.

Israël promet la fermeté

Le 3, Avigdor Lieberman met en garde les Palestiniens contre « la poursuite des provocations ». « Tous ceux qui s’approchent de la barrière mettent leur vie en danger ».

Un Palestinien est tué par des tirs de soldats israéliens. Selon l’armée israélienne, des dizaines de Palestiniens ont « participé à des émeutes dans quatre principaux secteurs de la frontière ».

Le 5, un Palestinien est tué dans un raid aérien israélien à la frontière avec la bande de Gaza.

L’émissaire du président américain Donald Trump, Jason Greenblatt, demande aux manifestants de « rester en dehors de la zone tampon de 500 m » et de ne « pas s’approcher de la barrière frontalière de quelque manière que ce soit ».

« S’il y a des provocations, il y aura une réaction des plus dures comme la semaine dernière. Nous n’avons pas l’intention de changer les consignes de tir », prévient le ministre israélien de la Défense.

L’envoyé spécial de l’ONU Nickolay Mladenov appelle les forces israéliennes à la « retenue maximale » et les Palestiniens à éviter les frictions.

L’ONG israélienne de gauche, B’Tselem, appelle les soldats israéliens à ne pas tirer vers des Palestiniens non armés.

– Nouveaux heurts –

Le 6, des milliers de Palestiniens se rassemblent à nouveau près de la barrière de sécurité séparant le territoire israélien de l’enclave palestinienne.

Sept Palestiniens, dont un adolescent de 16 ans sont tués par des balles tirées par des soldats israéliens, et plus de 400 blessés par balles ou par des tirs de gaz lacrymogènes.

Parmi ces blessés, deux, dont un journaliste, succombent par la suite, portant le bilan de cette nouvelle journée sanglante à neuf morts.

Cinq autres journalistes palestiniens ont aussi été blessés lors des affrontements, selon leur syndicat.

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