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Gaza: le spectre d’une opération israélienne au sol s’éloigne

Selon les responsables d’un think tank israélien proche du pouvoir, une intervention des forces terrestres dans la bande de Gaza n’est pas souhaitable.

Vers une opération terrestre à Gaza? Si la question reste ouverte sur le terrain, ce 19 novembre, un think tank israélien, proche du gouvernement de Benyamin Netanyahou, répond plutôt non.
Dore Gold et Freddy Eytan, deux anciens ambassadeurs de l’Etat hébreu, respectivement président et directeur du Centre des affaires publiques et de l’Etat de Jérusalem (JCPA-CAPE), ont déclaré lors d’une conférence de presse à Paris: « On ne souhaite pas une intervention terrestre. Si on trouve un compromis, au terme duquel le Hamas arrête totalement [ses tirs], on pourrait trouver une trêve très longue. […] Notre but est simple: faire en sorte le Hamas cesse de tirer sur le peuple d’Israël. » En attendant, prévient Freddy Eytan, « il n’est pas question que les combats s’arrêtent tant que des roquettes tomberont sur Israël. »

De leur point de vue, il n’est pas dans l’intérêt d’Israël de détruire le Mouvement de la résistance islamique. Il pourrait alors se voir remplacé par quelque chose de pire. Même si l’armée prépare une telle option, comme l’atteste le rappel de plus de 70000 réservistes. C’est un des principes de la contre-insurrection : plus le but assigné est large et ambitieux, plus le risque d’échec est grand.
Pourquoi une riposte d’une telle ampleur maintenant ? Les responsables du CAPE récusent l’idée que le déclenchement de l’opération « Pilier de défense » par le gouvernement puisse avoir un lien avec les législatives anticipées en Israël (en janvier 2013). « C’est sans fondement, affirme Freddy Eytan. Jouer avec la vie des hommes, des femmes et des enfants alors qu’il y a une pluie incessante de roquette, je ne crois pas qu’il y ait un Premier ministre, un ministre, qui que ce soit, qui joueraient ainsi le destin de ces personnes. »

Le Hamas a considérablement renforcé son arsenal

Le timing s’explique, selon eux, par un net regain d’activité côté palestinien, notamment après la liquidation du chef d’Ezzedine al-Qassam, l’aile militaire du Hamas. Après l’accalmie consécutive à l’opération « Plomb durci », les tirs de roquettes se sont intensifiés: 103 tirs en 2010, 375 en 2011 et 797 entre janvier 2012 et le 13 novembre, date du raid israélien sur la voiture de Ahmad Jabaari, le chef des opérations militaires de la branche armée du Hamas. Et il y a de plus en plus de tunnels, où transitent les armes, entre l’Egypte et la bande de Gaza: un millier auraient été recensés.

Un autre facteur a joué dans la riposte israélienne, et sa violence: le Hamas a considérablement renforcé son arsenal. Il disposerait de plusieurs centaines de roquettes de type Fajr (3 et 5). Développées par l’Iran, elles ont une portée moyenne de 75 kilomètres, ce qui leur permet d’atteindre Tel-Aviv et la banlieue de Jérusalem. « Cela change complètement la nature de la menace », estime Dore Gold. L’organisation islamiste a également récupéré « un stock important » de missiles SA-7 Strela, de fabrication soviétique qui proviennent de l’arsenal de feu Mouammar Kadhafi. Pour la première fois, en novembre, l’un de ces missiles de très courte portée (3 kilomètres), que l’on peut épauler, a été tiré sur un hélicoptère israélien. Parallèlement au raid meurtrier sur Jabaari, d’autres ont été menés par l’aviation de Tsahal ciblant ces stocks. La plupart auraient été détruits.

Par Vincent Hugeux et Romain Rosso, L’Express

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