© REUTERS/Pascal Rossignol

G-B : un gouvernement rajeuni et plus eurosceptique

Stagiaire Le Vif

David Cameron a entamé un grand nettoyage dans son équipe gouvernementale. Suite à l’échec cinglant des élections européennes, le premier ministre britannique a décidé d’employer les grands moyens. Il dévoile actuellement les premiers éléments de son remaniement qui devrait permettre de préparer les élections législatives de mai 2015.

Le chef du gouvernement a finalement choisi, à la surprise générale, de se séparer de son ministre des affaires étrangères, William Hague. Ce dernier a annoncé lundi 14 juillet qu’il démissionnait de son poste pour prendre la tête de la chambre des Communes, la chambre basse du Parlement.

William Hague, 53 ans, qui a servi pendant vingt ans dans divers gouvernements conservateurs et dirigeait depuis quatre ans le Foreign Office, a été député pendant vingt-six ans. Il a cependant indiqué qu’il ne se présenterait pas aux élections législatives de mai 2015, ce afin de se « consacrer à des choses qu'[il a] toujours eu envie de faire ».

« Le renouveau en politique est une bonne chose et s’accrocher à un poste n’est pas une fin en soi. Après vingt-six ans en tant que député, il est temps pour moi de passer à autre chose » déclarait-il. David Cameron a rendu lundi soir un « immense hommage » à William Hague, dont le départ a pris de court tous les commentateurs britanniques.

« UNE PURGE DES QUINQUAGÉNAIRES »

Pour le Daily Mail, ce politicien de génie, qui a dirigé le parti conservateur à l’âge de 36 ans, a été victime d' »une purge des quinquagénaires », lors d’une « nuit des longs couteaux » chez les conservateurs.

Un porte-parole de l’opposition et du Labour Party, Michael Dugher, a vu dans les premières étapes de ce remaniement « un massacre des modérés », ainsi qu’une preuve supplémentaire que la droite britannique souhaite « battre la retraite en Europe ». Il paraît ici effectivement clair que le premier ministre opère un virage tout à fait à droite dans sa ligne politique.

Le départ de William Hague intervient en effet à un moment particulièrement critique en ce qui concerne la relation qu’entretient Londres avec l’Union européenne. David Cameron, qui a perdu sa bataille visant à empêcher la nomination de Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne, a promis aux Britanniques d’obtenir des réformes de l’UE et du lien de leurs pays avec l’UE. Il est également prévu d’organiser un référendum en 2017 à propos du maintien du Royaume-Uni au sein du club des vingt-huit.

Le portefeuille aux affaires étrangères est repris par le ministre actuel de la défense Philip Hammond, plus eurosceptique encore que William Hague, lequel s’est pourtant illustré sur ce front. Philip Hammond a notamment déjà annoncé qu’il voterait en faveur d’une sortie de l’UE si les réformes voulues n’étaient pas au rendez-vous.

DÉPART REMARQUÉ D’UN MINISTRE EUROPHILE

Cependant, le départ de William Hague n’est pas le seul à avoir été annoncé lundi soir. David Cameron a annoncé avoir accepté la démission du ministre aux universités David Willetts, du ministre à l’Énergie et au changement climatique Greg Barker, du ministre à l’Irlande du Nord Andrew Robathan, et du ministre au pays de Galles David Jones.

Et ce n’est pas tout. Le premier ministre a également annoncé le départ d’un baron de la politique britannique, Kenneth Clarke, 74 ans, qui était ministre sans portefeuille, après avoir occupé de nombreux hauts postes ministériels depuis 1972. Connu pour son franc-parler, Kenneth Clarke a l’étiquette d’un europhile convaincu. Il a d’ailleurs promis à David Cameron de « faire vigoureusement campagne en faveur de notre maintien du pays dans l’UE » dans les mois et années à venir. Au total, ce sont bien douze ministres qui quittent le gouvernement ou changent de fonction.

L’ancien secrétaire à la défense Liam Fox, connu pour son euroscepticisme et ses positions conservatrices sur les questions de société, devrait faire son retour dans le gouvernement. Le conseil des ministres du mardi 15 juillet a été annulé afin de laisser à David Cameron le loisir de compléter sa nouvelle équipe. Selon les médias britanniques, le premier ministre conservateur en profiterait pour rajeunir et surtout féminiser son effectif, avec la nomination d’Elizabeth Truss, Esther McVey ou encore Nicky Morgan.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire