Nikolas Cruz © Reuters

Fusillade en Floride: le jeune tueur présenté comme un « déséquilibré »

Le Vif

Comment un ancien élève menaçant, amateur d’armes et apparemment « déséquilibré » a-t-il pu échapper à la vigilance de son entourage et perpétrer l’une des pires tueries dans un lycée américain?

Les autorités républicaines, le président Donald Trump en tête, martelaient jeudi cette question, esquivant le débat sur les armes à feu.

Traits juvéniles, yeux clairs, visage sérieux: tous les écrans américains diffusaient le portrait de Nikolas Cruz, 19 ans, auteur de la pire tuerie à frapper une école américaine depuis celle de Sandy Hook, où 20 enfants de primaire et six adultes avaient péri en 2012.

Après une nuit d’interrogatoire par la police du comté de Broward, le jeune homme a été transféré dans une prison locale en Floride et inculpé de 17 chefs de meurtres avec préméditation, selon les médias locaux. La police locale informera des derniers développements à 15H15 GMT.

Renvoyé du lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland, dans le sud-est des Etats-Unis, pour raisons disciplinaires, Nikolas Cruz a choisi la Saint-Valentin pour commettre ce massacre.

Les 17 victimes mortelles de ce jeune homme lourdement armé, enseignants et élèves, n’ont pas encore été toutes identifiées. Quatorze des blessés ont été hospitalisés, parmi lesquels deux sont décédés des suites de leurs blessures.

‘Déséquilibré’

« Tant de signes que le tireur de Floride était un déséquilibré mental, même viré de l’école pour son mauvais comportement erratique. Les voisins et ses camarades de classe savaient qu’il représentait un gros problème. Toujours les signaler aux autorités encore et encore! », a tweeté le président au petit matin.

Prenant la mesure de l’émotion dans le pays, il a peu après ordonné que les drapeaux soient mis en berne. Il doit s’adresser au pays à 16H00 GMT.

Comme en écho, le sénateur républicain de Floride Marco Rubio a martelé que « ceci pourrait arriver n’importe où ».

« Il s’agit de quelqu’un dont les gens savaient qu’il représentait un danger, quelqu’un sur qui on plaisantait dans l’école (…) pour dire qu’il reviendrait un jour et ferait du mal à beaucoup de gens », a-t-il poursuivi sur Fox News. « Et pourtant il est parvenu à ne pas être détecté, a pu acheter cette arme et tuer 17 personnes et en blesser beaucoup plus ».

Selon le site Buzzfeed, le FBI avait été alerté en septembre dernier par un abonné de la plateforme YouTube sur le commentaire laissé par un utilisateur du même nom: « Ca sera mon métier d’aller tirer dans les écoles ».

Peu après la tuerie mercredi, la police fédérale aurait appelé cet abonné à propos du signalement. Le FBI n’a pas confirmé à Buzzfeed que l’utilisateur signalé était bien Nikolas Cruz.

‘Menaçant’ et ‘solitaire’

Des images, filmées à l’intérieur d’une salle de classe pendant l’assaut sanglant probablement par un élève, donne une petite idée de la terreur qui s’est emparée de ce complexe scolaire qui compte près de 3.000 élèves.

On y entend des coups de feu à cadence très rapprochée, caractéristiques d’un semi-automatique et on y voit des élèves prostrés sous leur bureau ou allongés en silence, tandis que des hurlements s’élèvent plus loin.

La police n’a pour l’heure livré aucun motif, mais le portrait encore très en pointillés laissait poindre un adolescent à problèmes amateurs d’armes.

« Il y a eu des problèmes quand il a menacé des étudiants l’année dernière et je pense qu’on lui a dit de quitter le campus », a déclaré au quotidien Miami Herald Jim Gard, un professeur de mathématiques qui avait eu l’élève dans sa classe.

Selon un lycéen, Nicholas Cokes, Cruz était un « solitaire » qui avait quitté l’établissement il y a quelques mois pour emménager dans le nord de l’Etat après la mort de sa mère.

Il aurait également fait une préparation militaire, selon des sources au Pentagone qui n’ont pas donné de détails.

Pas d’avancée sur les armes

Nikolas Cruz avait posté sur les réseaux sociaux des messages « très alarmants », a souligné le shérif et des images sur Instagram présentées par plusieurs médias comme le compte du tireur –avant qu’il ne soit désactivé– montraient un homme au visage masqué coiffé d’une casquette ou d’un bonnet de l’armée de terre avec des couteaux ou encore l’image d’un fusil à pompe.

« Nous n’avons reçu aucun avertissement, aucune indication », a pourtant précisé Robert Runcie, le proviseur du lycée.

Des témoin ont rapporté s’être cachés jusque dans les placards lorsque les coups de feu ont retenti peu avant la fin des cours, à 14H30.

Le drame survenu mercredi est le dernier d’une longue série de fusillades ayant ensanglanté l’Amérique ces dernières années. Et les tueries sont particulièrement récurrentes dans les écoles américaines: il y en a déjà eu 18 en 2018 en comptant celle du lycée Marjory Stoneman Douglas. Mais à chaque fois, le débat sur les armes aux Etats-Unis tourne court.

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