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Fusillade dans un temple sikh: qui est le tireur, Wade Michael Page?

Sept personnes ont trouvé la mort dans un temple sikh du Wisconsin ce week-end. Le tireur est un ancien soldat, formé à la guerre psychologique. On fait le point sur l’affaire.

Dimanche matin, aux alentours de 10h30, un homme ouvre le feu aux abords d’un temple d’Oak Creek, une banlieue de Milwaukee, dans le Wisconsin, aux Etats-Unis.

Plusieurs dizaines de fidèles avaient commencé à s’y rassembler pour une cérémonie religieuse. Selon le Milwaukee Journal Sentinel, l’homme a commencé à tirer en s’approchant d’un prêtre qui se trouvait à l’extérieur du temple. Il abat d’abord quatre personnes à l’intérieur de l’édifice religieux de cette petite ville de 35 000 habitants. Il en tue deux autres à l’extérieur avant d’être lui-même abattu par la police.

Par ailleurs, trois hommes, dont un policier, ont été transportés dans un état critique à l’hôpital. Le président du temple, Satwant Kaleka, aurait été touché et hospitalisé, écrit le Milwaukee Journal Sentinel.

L’enquête Les enquêteurs fédéraux cherchent à connaître le mobile du tireur. « Le FBI enquête pour déterminer si cette affaire pourrait relever du terrorisme intérieur, mais aucun mobile n’a été déterminé à cette heure, » détaille la chargée de l’enquête du FBI. « Nous considérons qu’il s’agit d’un acte de terrorisme intérieur », assure de son côté le chef de la police locale John Edwards.

La police avait craint à un moment qu’un second tireur ne se trouve dans le temple, mais a ensuite indiqué que cela n’était pas le cas.

Le tueur

Il s’agit d’un homme blanc d’une trentaine d’années. La chaîne américaine CNN avance un nom: Wade Michael Page, 40 ans, ancien soldat. Une information confirmée par le Pentagone, qui détaille: Page était un ex-soldat spécialisé dans les opérations de guerre psychologique. Il a servi dans l’US Army de 1992 à 1998 comme soldat de première classe et a reçu plusieurs décorations pour bonne conduite, selon l’armée de Terre. Il a pendant un temps été affecté à la base de Fort Bragg, en Caroline du Nord, détaille encore une source policière.

Selon plusieurs organes de presse américains, l’homme aurait aussi été un adepte des théories racistes sur la suprématie de la race blanche. Une information que les autorités locales et fédérales n’ont pas voulu confirmer. « Nous enquêtons sur ce point. Et nous enquêtons aussi sur la signification de ses tatouages. Ce sont des éléments du puzzle qui nous permettront peut-être de comprendre les motivations d’un acte si horrible », a affirmé Tom Ahern, porte-parole du Bureau fédéral des armes, du tabac et des explosifs, cité par ABC.

Page portait notamment un tatouage faisant référence au 11-Septembre sur un bras, selon des médias qui l’identifiaient comme étant Wade Michael Page, âgé de 40 ans.
Des voisins du tireur l’ont décrit comme un homme agréable et paisible.

Le traumatisme d’Aurora

Les Etats-Unis sont encore sous le choc de la fusillade d’il y a à peine quinze jours dans un cinéma d’Aurora, qui avait fait 12 morts et 58 blessées le 20 juillet. Ce jour-là, un jeune homme de 24 ans, James Holmes, avait ouvert le feu en pleine séance de la première du dernier film Batman.

Les réactions

Le président Barack Obama a exprimé dans un communiqué sa peine et loué la communauté sikhe qui « enrichit » les Etats-Unis.
Aux abords du temple, Harinder Kaur, une étudiante de 22 ans raconte: « Notre prêtre est mort, le grand-père d’amis est mort, on n’aurait jamais cru que cela pouvait nous arriver. C’était un dimanche normal », a-t-elle dit, évoquant « une communauté très soudée ». Pour Navreet Raman, une quadragénaire, « Cela fait peur. C’est l’endroit où nous prions. Si une église n’est plus un endroit sûr, qu’est-ce-qui est sûr? Rien! »

La plus vieille organisation musulmane du pays, Ahmadiyya, a elle immédiatement « condamné vivement cette fusillade insensée à l’encontre de fidèles », appelant à « plus d’attention portée sur l’éducation religieuse pour une société plus tolérante et plus pacifique ». Un membre du comité de direction du temple, Ven Boba Ri, cité par le Milwaukee Journal Sentinel, a indiqué qu' »il n’avait aucune idée » du motif de la fusillade. « C’est sans doute un crime de haine, ça ne vient pas de quelqu’un de chez nous ». « Des Americans sont morts aujourd’hui dans un acte de violence insensé », a dénoncé Sapreet Kaur, le directeur de la Coalition sikh, la plus grande association de droits civiques de cette communauté aux Etats-Unis. « Les Américains de toutes croyances doivent s’unir pour soutenir leurs frères et soeurs sikhs », a-t-il ajouté, selon CNN.
« C’est une terrible tragédie et je crois cela a rendu très triste tous les Sikhs », a déclaré ce lundi Avtar Singh, le président d’une organisation responsable du Temple d’Or à Amritsar, l’édifice religieux le plus sacré des sikhs situé dans le nord de l’Inde. En Inde toujours, une manifestation se tient devant l’ambassade américaine à New Delhi, à l’appel du parti politique sikh Shiromani Akali Dal. « La Maison-Blanche doit agir pour mettre fin à ces attaques inhumaines », s’est exclamé Manjit Singh, un vétéran du parti. Le Premier ministre indien Manmohan Singh, lui-même sikh, s’est dit « profondément choqué et attristé ».

Les sikhs

Les sikhs, qui portent un turban et la barbe, sont souvent pris pour des musulmans et font l’objet d’attaques racistes à ce titre aux Etats-Unis, notamment depuis les attentats du 11-Septembre. Ils sont entre 500 000 à 700 000 aux Etats-Unis.
« Il y a eu plusieurs attaques haineuses visant la communauté sikhe ces dernières années et malheureusement nous sommes naturellement enclins à penser qu’il s’agit ici de la même chose », a déclaré Sapreet Kaur, directeur exécutif d’une coalition de groupes sikhs, dans un communiqué.

LeVif.be avec L’Express

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