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Fronde des journalistes au sein de France Télévisions

Le Vif

Les journalistes de France Télévisions ont infligé un camouflet à leur patronne, Delphine Ernotte, en adoptant mardi à une majorité écrasante une motion de défiance, pour dénoncer des économies et une réforme de l’audiovisuel public que prépare le gouvernement.

Les journalistes des rédactions nationales du groupe ont approuvé à 84% une motion de défiance, qui leur avait été soumise par les Sociétés de journalistes (SDJ) du groupe public, avec un taux de participation au vote de 69%.

Cette motion intervient à quelques heures du début d’une grève de vingt-quatre heures, ce mercredi, à l’appel de trois syndicats à l’occasion de la tenue d’un Comité central d’entreprise. Cette grève vise à contester non seulement les économies prévues en 2018, mais aussi un projet de réforme en profondeur de l’audiovisuel public, préparé par le gouvernement.

C’est un vote « clair, net et massif », et d’une ampleur inédite au sein du groupe, a déclaré à l’AFP Clément Le Goff, président de la SDJ de France 2. « Le résultat est sans appel, les journalistes ont voulu envoyer un message clair : l’information doit rester la priorité à France Télévisions », a-t-il ajouté.

Ce scrutin visait à dénoncer « une attaque inédite contre l’information du service public », selon les organisateurs. La présidente de France Télévisions avait assuré prendre ce vote « au sérieux », dans un message adressé lundi aux salariés.

Delphine Ernotte a pris les rênes du groupe public en 2015 et subit régulièrement des critiques, comme lors du remplacement du présentateur vedette David Pujadas par Anne-Sophie Lapix aux manettes du journal télévisé de la chaîne France 2.

Le gouvernement français a sommé le groupe de réduire de 50 millions ces dépenses en 2018, à 2,57 milliards d’euros. La direction veut supprimer 180 postes équivalent temps plein l’an prochain, via des non-remplacements de départs à la retraite, dont 30 dans l’information.

France TV a en revanche renoncé, face au tollé, à réduire la diffusion des magazines emblématiques de France 2, « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête ».

« Je sais combien certains chantiers peuvent être difficiles, mais ils sont nécessaires », avait plaidé Delphine Ernotte, dans son message aux salariés.

Aux économies envisagées s’ajoutent des inquiétudes liées à l’avenir de l’audiovisuel public en France.

Cet automne, la révélation de « pistes de travail » émanant du ministère de la Culture, évoquant un « rapprochement » entre France Télévisions et Radio France, une fusion de France 3 et France Bleu, la suppression de France Ô ou le passage de France 4 à une diffusion 100% numérique, a déclenché la colère des syndicats.

Des propos très sévères du président Emmanuel Macron envers l’audiovisuel public, tenus la semaine dernière devant des parlementaires, ont accru la tension.

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