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François Hollande n’est pas candidat à un second mandat présidentiel

Le très impopulaire président français François Hollande a annoncé qu’il renonçait à briguer un second mandat en 2017 en expliquant vouloir éviter une déroute de son camp face à la droite et l’extrême droite, un coup de théâtre à cinq mois du scrutin.

« Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle », a annoncé, la voix blanche, le président socialiste, lors d’une allocution télévisée depuis le palais de l’Elysée à Paris.

Celui qui a affronté pendant son mandat des attentats sans précédent a appelé, au nom de l’avenir du pays, à « un sursaut collectif ». « Je ne veux pas que la France soit exposée à des aventures (…) dangereuses pour son unité, pour sa cohésion, et pour ses équilibres sociaux ».

Son choix de ne pas se représenter est une première en France depuis 1958.

Très impopulaire depuis son arrivée au pouvoir en mai 2012, M. Hollande, 62 ans, s’est rangé à l’avis de sondages très défavorables. Seuls 13% des Français lui font confiance et il ne récolterait que 7% des voix au premier tour de la présidentielle en avril, loin derrière le candidat de la droite François Fillon et la chef de l’extrême droite Marine Le Pen.

Selon les sondages, qui ont échoué à pronostiquer le vainqueur de la primaire de droite, le second tour de la présidentielle en mai 2017 verrait s’affronter la droite et l’extrême droite, dopée par la poussée populiste en Europe et aux Etats-Unis.

Disant mesurer « l’enjeu de la période qui s’ouvre », François Hollande a accusé la droite de vouloir remettre en cause le modèle social français et a mis en garde contre l’extrême droite, « qui nous appelle au repli, à la sortie de l’Europe et du monde ».

L’annonce choc du président est intervenue quatre jours après la désignation du candidat de la droite et au jour d’ouverture du dépôt des candidatures pour la primaire de la gauche qui doit se tenir les 22 et 29 janvier.

Ces derniers jours, une guerre sourde a opposé François Hollande à son Premier ministre Manuel Valls, coincé entre son devoir de loyauté à l’égard du chef de l’Etat et son ambition présidentielle qu’il ne cache plus. L’annonce de François Hollande a été saluée jeudi soir par M. Valls comme « le choix d’un homme d’Etat ».

Quel que soit le candidat socialiste issu de la primaire, il devra affronter, outre les représentants de la droite et de l’extrême droite, le représentant de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon et l’ex-ministre de l’Economie Emmanuel Macron, qui refusent tous deux de se plier à l’exercice de la primaire.

Dressant le bilan de son mandat, François Hollande a souligné jeudi soir les avancées auxquelles il a contribuées, en multipliant dans son discours le « je ».

« L’engagement majeur que j’ai pris devant vous était de faire baisser le chômage (…) Les résultats arrivent plus tard que je ne les avais annoncés, j’en conviens, mais ils sont là », a expliqué M. Hollande.

M. Hollande a également évoqué un « modèle social conforté ». Il a exprimé « un seul regret », celui d’avoir proposé la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme.

Le président « admet, avec lucidité, que son échec patent lui interdit d’aller plus loin », a aussitôt commenté le candidat de la droite, François Fillon, évoquant la fin d’un mandat dans « la déliquescence du pouvoir ».

Le président socialiste n’a jamais bénéficié de bonnes opinions à l’exception d’une courte période après les attentats djihadistes de janvier 2015 contre le magazine satirique Charlie Hebdo, une policière et un supermarché cacher.

Les Français et une partie de son camp lui reprochent en particulier son orientation pro-entreprises prise il y a deux ans.

La publication en octobre d’un recueil de confidences de François Hollande à deux journalistes a sidéré ceux qui, contre vents et marées, lui témoignaient encore leur soutien. Dans ce livre, le président, qui se décrit lui-même comme « le spectre de l’Elysée », multiplie les piques sur ses proches.

Son mandat, marqué par plusieurs opérations militaires extérieures (Mali, Centrafrique, Irak, Syrie), fut également celui des pires attentats commis en France depuis 1945.

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