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France : un médicament mal conditionné à l’origine de trois décès

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

L’Agence du médicament a signalé trois décès suspects en France. Ils seraient en lien avec un diurétique mal conditionné, le Furosémide, qui aurait été remplacé par un somnifère.

Tout a commencé vendredi. Une patiente donne l’alerte alors qu’elle éprouve des somnolences inhabituelles après la prise de son diurétique, le Furosémide, des laboratoires Téva. Depuis, un homme est mort dans des conditions suspectes, des lots de médicaments ont été rappelés et une enquête a été ouverte.

Le décès d’un homme de 91 ans samedi soir à Marseille serait lié à l’absence de conditionnement du Furosémide, dans les boîtes de médicament où il est censé se trouver. « La non-prise du diurétique (Furosémide Teva 40 mg, NDLR) peut être à l’origine de l’oedème pulmonaire aigu » dont est mort le nonagénaire, a annoncé le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest.

D’après les déclarations de l’infirmière qui lui administrait ce médicament deux fois par jour en raison d’une insuffisance cardiaque grave, « il semblerait que l’une des boîtes d’un lot mal conditionné », pouvant contenir non pas le diurétique, mais un somnifère, ait été utilisée depuis une semaine, a précisé Jacques Dallest. Les résultats de l’autopsie pratiquée dimanche ont confirmé cette analyse: le décès serait bien lié au mauvais conditionnement du médicament.

Deux nouveaux cas

L’Agence française du médicament (ANSM) a fait état ce lundi de deux nouveaux cas signalés en relation avec l’erreur de conditionnement du diurétique Furosémide du laboratoire Teva. « L’ANSM a reçu lundi matin deux nouveaux signalements de pharmacovigilance » avec « un décès et un cas grave », explique-t-elle dans un communiqué.

Le parquet de Privas a ouvert une enquête. L’ANSM a terminé ce mardi l’inspection du laboratoire Teva dans l’Yonne mis en cause dans l’affaire des comprimés mal conditionnés, qui pourrait avoir causé trois décès et deux hospitalisations. Elle n’a pas relevé de « défaut » dans l’organisation de l’usine. « Les quatre inspecteurs n’ont pas identifié de défaut ni dans l’organisation, ni dans les pratiques, ni dans l’équipement de l’usine de conditionnement de Sens », a déclaré l’ANSM alors que l’inspection s’est terminée ce mardi.

L’agence sanitaire note cependant que « l’enquête se poursuit par ailleurs avec les autorités judiciaires ». « Les comprimés de furosémide proviennent de Hongrie et sont mis en plaquettes et en boîtes dans cette usine » tandis que le somnifère « zopiclone provient d’Espagne », a en outre indiqué l’ANSM.

Un acte de malveilllance? Aucune explication n’a été avancée, alors qu’un expert en pharmacie, le Pr François Chast (hôpital Cochin), jugeait lundi qu’une malveillance était une « hypothèse possible » pour expliquer la présence de quelques somnifères seulement dans certaines des boîtes du diurétique. Sur quelques 30 000 boîtes incriminées passées au peigne fin, 700 ont été ouverte et aucune ne contenait de somnifère.

Résultat, le laboratoire Teva va porter plainte contre X dans la journée, selon Europe 1. D’après la radio, il est convaincu d’être victime d’un acte de malveillance, et compte bien le démontrer.

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