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France : tous les coups sont permis dans la dernière ligne droite de la campagne

Avant deux gros meetings dimanche et à quelques jours de l’unique débat télévisé entre les deux candidats, le ton monte et les attaques se durcissent entre François Hollande et Nicolas Sarkozy.

Le socialiste François Hollande, confiant dans sa victoire, et le président Nicolas Sarkozy, distancé dans les sondages, durcissent le ton dans la dernière ligne droite de la campagne avant le 2e tour de la présidentielle. Ils entament dimanche le sprint final par deux gros meetings, à Paris pour le socialiste, à Toulouse pour le chef de l’Etat. Mais le temps fort de la semaine sera le débat de mercredi, première et unique confrontation entre les deux hommes depuis 2005.
« Si l’on en juge par le ton et le fond de la campagne, alors le débat sera rugueux. J’y suis prêt », a prévenu François Hollande. Le candidat de la gauche veut pointer « les contradictions et les incohérences du candidat sortant ».
« Il va falloir que François Hollande fasse ce qu’il déteste: être franc », a lancé le chef de l’Etat sortant, en position de challenger face à son rival, constamment donné vainqueur pour devenir le septième président de la Ve République avec 54% à 55% des intentions de vote.
Le ton s’est durci ces derniers jours entre les deux champions. Le score historique de l’extrême droite au premier tour, avec presque 18% des suffrages, a conduit le chef de l’Etat à s’aligner sur plusieurs propositions de sa chef de file Marine Le Pen. Cette droitisation de son discours, notamment en matière de sécurité et d’immigration, a été fortement critiquée par la gauche et par plusieurs soutiens de M. Sarkozy.
« J’entends dire que la stratégie n’est pas la bonne. Mais, si elle était mauvaise, combien aurais-je fait », au premier tour, se défend le président. Nicolas Sarkozy a balayé d’un revers des sondages qui par le passé « se sont trompés » et affirmé qu’il sentait « monter une mobilisation » qu’il « n’a jamais vue dans toute (sa) vie politique ». « Il y aura une participation massive », martèle le président.
DSK et Kadhafi, les casseroles qui empoisonnent la campagne
Après une semaine consacrée à la chasse aux voix de l’électorat de l’extrême droite, deux affaires ont fait irruption dans la campagne: les accusations de l’ancien patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et les soupçons de financement par la Libye de l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Le quotidien britannique The Guardian a publié ce qu’il a présenté comme une interview de DSK au journaliste américain Edward Epstein, dans laquelle l’ancien ministre socialiste accuse ses adversaires de s’être servis de l’affaire du Sofitel pour faire échouer sa candidature à l’élection présidentielle. Selon le journaliste américain, DSK « était devenu la principale ‘cible’ des services français en février ou en mars 2011 » et met en cause les hommes du président Sarkozy. L’entourage de DSK a indiqué dimanche que l’ancien patron du FMI n’avait pas donné d’interview au Guardian et qu’il s’agissait d’un « montage » fait à partir d’un livre à paraître du journaliste américain Edward Epstein.

Mais la diffusion de cette interview entre les deux tours de la présidentielle a déclenché une passe d’armes entre l’équipe de François Hollande et celle du président sortant. Ce dernier a estimé samedi que DSK « devrait avoir la pudeur de se taire » et la porte-parole du président, Nathalie Kosciusko-Morizet, a ironisé sur François Hollande qui « vient de se trouver » un « témoin de moralité mis en examen pour proxénétisme aggravé ».

Signe que les socialistes considèrent DSK infréquentable, l’ancienne candidate à la présidentielle de 2007 et ex-compagne de François Hollande, Ségolène Royal, a affirmé avoir quitté précipitamment une soirée d’anniversaire samedi soir en apprenant que DSK y était invité. Selon un journaliste qui a annoncé sur twitter cette soirée dans un bar de Paris, deux proches du candidat, son porte-parole et son directeur de campagne, étaient également invités.

Autre dossier qui perturbe la campagne: le financement de la campagne de 2007 qui avait conduit Nicolas Sarkozy au sommet de l’Etat. Le site d’information Mediapart a publié un document, attribué à Moussa Koussa, ancien chef du renseignement libyen, faisant état en 2006 d’un « accord de principe » de Tripoli pour financer à hauteur de 50 millions d’euros la campagne de Nicolas Sarkozy. Mediapart ne dit pas que le financement a effectivement eu lieu, mais la gauche demande à M. Sarkozy de « s’expliquer ».
Les proches de M. Sarkozy se sont déchaînés, le Premier ministre François Fillon qualifiant Mediapart d' »officine financée par de riches amis » de François Hollande et le document publié de « faux, en tout cas impossible à authentifier ». Nicolas Sarkozy a lui-même dénoncé dimanche une « infamie » et qualifié Mediapart d' »officine au service de la gauche ». « C’est un montage. Mediapart est coutumier du mensonge », a-t-il dit.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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