© Frédéric Pauwels

France: les prostituées jugent « préjudiciable » la pénalisation des clients

Le Vif

Revenus en baisse, violences en hausse: les travailleuses du sexe jugent « préjudiciable » la loi qui pénalise leurs clients, deux ans après sa mise en application en France, révèle une enquête auprès de plus 600 prostituées publiée par des associations et des ONG jeudi.

La mesure la plus forte de la loi entrée en vigueur le 13 avril 2016 concerne les clients de prostituées sur la voie publique qui risquent une amende de 1.500 euros, voire 3.750 euros en cas de récidive.

C’est de ce pan de la législation dont les travailleuses du sexe interrogées se plaignent.

La peur du gendarme éloigne les clients, leur nombre diminue, ce qui provoque une baisse de leurs revenus, pointe l’enquête coordonnée par Médecins du Monde et publiée notamment par l’association Aides, le Planning familial et le Syndicat du travail sexuel (Strass).

Entre avril 2016 et mars 2018, 2.354 clients ont été verbalisés par les forces de l’ordre dans toute la France, selon des chiffres transmis à l’AFP.

En outre, la loi a provoqué une pression à la baisse sur les prix: plus rare, le client « impose plus souvent ses conditions », car c’est lui « qui prend des risques ».

L’enquête relève d’ailleurs que 78,2% des travailleuses du sexe interrogées ont constaté une baisse de leurs revenus.

Yang Ma, une travailleuse du sexe chinoise dans le quartier parisien de Belleville, confirme cette tendance. « Avant, je me faisais jusqu’à 400 euros par jour, mais aujourd’hui j’arrive difficilement à 100 euros » se lamente cette femme d’une cinquantaine d’années.

La raréfaction de la clientèle pousse aussi les prostituées à accepter des clients qu’elles « n’auraient pas acceptés autrefois, quitte (…) à risquer une plus forte exposition aux violences » et à des pratiques sexuelles à risques. Ainsi, le port du préservatif « redevient un enjeu de négociations avec le client ».

Au total, 62,9% des personnes interrogées pour l’enquête « constatent une détérioration de leurs conditions de vie depuis avril 2016 », qui se manifestent notamment par un stress plus élevé, de la fatigue, voire un état dépressif.

La police est décrite agissant soit pour « une gêne dans le travail » soit en pratiquant une forme d’intimidation » visant à ce que les travailleuses du sexe « dénoncent » leurs clients.

Certaines prostituées étrangères évoquent aussi une multiplication des contrôles d’identité.

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