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France: les mineurs évacués à leur tour l’ex-« Jungle » de Calais

Le Vif

Les autorités françaises ont commencé mercredi à transférer les mineurs, restés à Calais (nord) après le démantèlement de l’immense camp de migrants dit « La Jungle », vers d’autres sites où seront examinées leurs demandes d’entrée en Grande-Bretagne.

Les premiers cars avec quelque 600 d’entre eux sont partis mercredi matin depuis les conteneurs blancs d’un centre d’accueil provisoire, où ont été regroupés quelque 1.500 mineurs isolés lors des opérations d’évacuation du plus grand bidonville de France. Le premier véhicule, avec 43 mineurs à bord, se rendait à Carcassonne et Bolquère (sud-ouest), suivi de trois autres autocars en direction des Saintes-Maries-de-la-Mer (sud-est) et de l’Allier (centre).

Au total, quelque 30 bus ont été réservés mercredi pour ces départs à destination de 60 centres dédiés aux mineurs en France, selon les autorités locales. Les mineurs ne choisissent pas leur destination mais décident avec qui ils veulent voyager et s’installer, selon cette source. Restera ensuite à faire partir les 360 à 400 femmes et enfants hébergés dans un ancien centre aéré jouxtant l’ex-« Jungle ». Le secteur sera alors totalement désert, alors que s’y entassaient encore mi-octobre 6.400 à 8.100 personnes selon les comptages.

Afghans, Soudanais, Erythréens, notamment, s’y installaient dans l’espoir de pouvoir rallier l’Angleterre, via le port de Calais ou l’entrée du tunnel sous la Manche. Mais des tensions dans le camp et aux alentours, ainsi que l’insalubrité des lieux, ont poussé le gouvernement à le démanteler avant l’hiver et à l’approche des élections présidentielles d’avril-mai.

La semaine dernière, quelque 4.500 adultes ont été envoyés vers des sites répartis en France et 1.500 mineurs « mis à l’abri » dans le centre de conteneurs chauffés. Les abris de fortune ont eux été totalement détruits.

Enjeu symbolique et pratique

Pour les autorités, vider rapidement le centre de mineurs relève d’un enjeu à la fois symbolique, en parachevant le démantèlement promis de ce vaste bidonville, et pratique, en supprimant un lieu vu comme un point de fixation des migrants, déjà attirés par la proximité de Calais avec les côtes britanniques. « Il n’y aura pas de réinstallation sur la lande. Elle est évacuée. Elle sera sécurisée. Plus personne ne pourra la rejoindre », a ainsi martelé le président socialiste François Hollande mardi.

« Plus aucune demande de transfert vers le Royaume-Uni (ne) sera traitée à Calais. Le suivi des dossiers et les départs vers le Royaume-Uni se feront à partir des centres pour mineurs », affirme aussi de son côté la préfecture locale dans un document diffusé mardi auprès de ces mineurs, et dont l’AFP a obtenu copie.

« Situation inextricable »

En vertu de règles européennes sur le regroupement familial, les mineurs qui ont de la famille outre-Manche sont éligibles à la rejoindre. D’autres espèrent profiter d’un dispositif britannique sur les migrants « vulnérables ».

Des représentants du Home Office (l’Intérieur britannique) dépêchés sur place avaient déjà participé à l’étude des dossiers des mineurs souhaitant rejoindre la Grande-Bretagne lors du démantèlement. Dans le cadre de cette procédure accélérée, environ 300 d’entre eux ont pu concrétiser ce projet. Ce dispositif devra désormais s’appliquer depuis les centres disséminés dans toute la France. Et si les migrants adultes montés dans les cars étaient volontaires pour partir et demander l’asile en France, les mineurs, eux, rêvent quasi exclusivement de Grande-Bretagne. Il faut donc les convaincre que quitter les conteneurs et monter dans les cars mercredi ne signifie pas nécessairement renoncer au passage en Angleterre.

Les Britanniques qui les « accompagneront » durant leur trajet, comme l’indique la préfecture dans son texte, instruiront les dossiers dans des délais très courts, et transfèreront les heureux élus dans la foulée, assure-t-on de sources proches de l’opération. L’objectif est aussi de pousser Londres à aller au-delà de ses engagements. Mais que décideront les « recalés » pour l’Angleterre, promis théoriquement à passer dans le giron des services publics spécialisés dans l’aide à l’enfance ?

Les premiers centres dédiés aux mineurs ont ouvert la semaine dernière. Mais en Meurthe-et-Moselle (est) et Charente-Maritime (ouest), « la moitié environ des jeunes se sont déjà évaporés », assure Pierre Henry, directeur général de l’association France terre d’asile. « Ils veulent retourner à Calais », poursuit-il, en déplorant « une situation inextricable ».

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