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France : Le Sénat bascule à gauche et bouleverse l’horizon politique

La gauche a remporté dimanche une victoire historique aux élections sénatoriales puisque le Sénat passe à gauche pour la première fois depuis 1958. Provoquant au passage un bouleversement politique à sept mois de la présidentielle

La gauche doit son succès dimanche à ses victoires aux dernières élections locales (municipales, régionales, cantonales). La droite a pâti de ses fortes divisions et d’une forte grogne des élus locaux, qui ont mal accueilli la réforme territoriale et le regroupement des communes. A huit mois de la présidentielle, c’est une mauvaise nouvelle pour la droite. Simple logique arithmétique, a minimisé l’Elysée, arguant que l’issue était inévitable depuis les succès engrangés par la gauche depuis 2004. Pour François Fillon, le Premier ministre, la défaite est d’autant plus amère qu’à Paris, ses partisans, enregistrent un net recul.

La gauche détient la majorité absolue au Sénat
Le gain de la totalité des sièges en Guadeloupe et Martinique dans la nuit de dimanche à lundi conforte la victoire de la gauche. Elle dispose de 177 sièges sur 348, soit la majorité absolue. Reste la question de la présidence. Le vote aura lieu samedi 1er octobre et se déroulera à bulletins secrets. Une précision d’importance quand on connaît la complexité des clivages politiques dans la chambre haute.

Le Sénat à gauche, l’Assemblée à droite, le gouvernement français va-t-il pouvoir continuer ses réformes?
D’un strict point de vue législatif, cette victoire de la gauche ne change pas grand-chose. La constitution prévoit que l’Assemblée garde systématiquement le dernier mot. Le Sénat pourra certes retarder l’adoption de certains textes, mais l’exécutif garde la possibilité de faire passer ses réformes dans le cadre d’une procédure d’urgence.

Le Sénat peut former des commissions d’enquête… un point capital en ces temps d’affaires politico-financières
En revanche, et c’est un point capital en ces temps d’affaires politico-financières, le Sénat peut former des commissions d’enquête. L’affaire Karachi pourrait ainsi amener certains ministres et cadres du parti présidentiel à venir s’expliquer devant les sénateurs et les caméras de télévision.

C’est d’ailleurs ce que remarquait Olivier Dussopt, le porte-parole de la candidature de Martine Aubry, dans un tweet: « Hé les copains, 1ere commission d’enquête parlementaire sur Karachi ? » .

Sur un plan politique, cette victoire signifie tout de même beaucoup. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, l’UMP a perdu tous les scrutins à l’exception des européennes de 2009. Le parti présidentiel entre en campagne affaibli.

Dans quel état sort la droite de ce scrutin?
L’UMP assure que tout va bien. L’Elysée a « pris acte » du résultat et François Fillon reconnaît la défaite de son camp. Les quelques cadres de la majorité, qui se sont risqués sur les plateaux télé ce dimanche soir, répètent que le résultat est logique: la gauche avait remporté les derniers scrutins locaux. L’argument n’est pas totalement recevable. 95% du corps électoral du Sénat français est formé par les conseillers municipaux, dont une majorité n’est pas accrochée à un parti. C’est d’ailleurs, un des éléments inquiétants pour l’UMP. Les non-inscrits ont penché à gauche, comme les zones rurales, traditionnellement acquises à la droite.

LeVif.be avec l’express.fr

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