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France : le gouvernement lâche du lest sur sa réforme sociale fort contestée

Le Vif

Le gouvernement socialiste français a lâché du lest mercredi sur sa réforme contestée du droit du travail, dans l’espoir d’apaiser la fronde dans son propre camp et d’en finir avec quatre mois de manifestations et grèves à répétition.

La ministre du Travail Myriam El Khomri a annoncé dans le journal Le Monde que le gouvernement allait déposer de « nouveaux amendements » à son projet de loi pour « réaffirmer » le rôle des branches professionnelles, sujet au coeur du débat.

Le gouvernement souhaite avec sa réforme donner plus de place à l’accord d’entreprise, au détriment des accord de branche, un principe applaudi par les syndicats dits « réformistes » et le patronat. Mais les détracteurs du texte s’inquiètent d’un éventuel « dumping social ».

L’annonce de nouveaux amendements sur ce point épineux est intervenue juste après une rencontre de la ministre avec le groupe parlementaire socialiste, dont plusieurs membres refusent jusque là de voter le texte.

Face à cette rébellion, l’exécutif était passé en force en première lecture, grâce à une arme constitutionnelle lui épargnant un vote des députés. Pour l’adoption finale du texte, il espère rallier des sceptiques pour ne pas avoir à dégainer à nouveau cette arme, très impopulaire.

Mais les députés socialistes frondeurs en veulent davantage. Selon leur chef de file Christian Paul, « un compromis est à portée de main », à condition que le gouvernement dise « clairement qu’un accord d’entreprise ne peut porter atteinte au pouvoir d’achat des salariés ». Or le projet actuel permet de moins payer les heures supplémentaires en cas d’accord d’entreprise.

Progrès pour les uns, alerte rouge pour les autres

Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat contestataire FO, a salué un « progrès », tout en ajoutant « on va continuer le lobbying (…) notamment sur les heures supplémentaires ». « On n’est pas dans la logique pour le moment de poursuivre les manifestations », a-t-il ajouté, alors que l’autre syndicat à la pointe de la contestation, la CGT, prévoit une nouvelle journée de manifestations le 5 juillet.

A l’inverse, le patron des patrons Pierre Gattaz, s’est dit en « alerte rouge ». « Cette loi, si elle se déforme encore, ce sera du chômage », a-t-il ajouté, alors que l’exécutif a déjà renoncé à certains points contestés de son projet initial.

Parallèlement, le gouvernement a renoué le dialogue avec l’ensemble des organisations syndicales et patronales, reçues tour à tour à partir de mercredi à jeudi.

La fronde sociale, d’une ampleur inédite sous un gouvernement socialiste, a été marquée depuis mars par onze jours de manifestations, certaines émaillées de violences, des grèves et des actions coup de poing dans le secteur des raffineries ou des déchets.

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