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France : la prière universelle fâche les associations gays et lesbiennes

Cette année, pour l’Assomption, l’Église a décidé de mettre l’accent sur la famille traditionnelle. Pour les associations, ces allusions à peine voilées sont un moyen pour l’Église de peser dans le débat sur le mariage et l’adoption pour les personnes homosexuelles. L’Église est également divisée sur la question.

Universalité ne signifie pas forcément unanimité. Les évêques de France ont saisi l’occasion de l’Assomption, une fête catholique populaire, pour raviver une pratique ancienne: la prière universelle. Ce 15 août sera donc prononcée dans toutes les paroisses de France une prière exprimant la solidarité avec les personnes touchées par la crise, mais aussi l’attachement à la famille traditionnelle.

C’est ce deuxième sujet qui a suscité la colère de nombreuses associations gays et lesbiennes. L’Eglise y rappelle en effet sa position sur le mariage traditionnel. « Pour les enfants et les jeunes (…) qu’ils cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère ».

Quelques sifflets à Notre-Dame

Pour les associations, ce message qui intervient quelques semaines avant le débat sur le mariage et l’adoption des personnes homosexuelles – une promesse de campagne de François Hollande – est un moyen pour l’Eglise de faire entendre sa voix. Pour Nicolas Gougain, porte-parole de l’Inter-LGBT (Lesbiennes-gay-bi-trans), « parler des familles, insister sur le fait qu’elles reposent sur un père et une mère (…) on sait très bien que la prière fait allusion » au mariage homosexuel.

Act-Up a de son côté choisi la méthode forte. L’association de défense des droits des homosexuels a pastiché la prière. La vidéo montre un jeune homme, lisant devant un crucifix et – d’une manière affectée à l’extrême – la prière de l’archevêque de Paris, accompagné de sous-titres parfois très crus qui n’ont rien à voir avec le texte original.

Un texte qui fait débat au sein de l’Eglise

Un militantisme dont ne se cache pas certains évèques. Ainsi, Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle-Saintes qui préside le 139e Pèlerinage national de Lourdes, a précisé devant la presse que l’on « ne pouvait pas confondre le mariage d’un homme et d’une femme et l’union de deux personnes homosexuelles », insistant sur la notion d’altérité nécessaire pour donner la vie. Sur la question de l’adoption, il avait alerté face au risque que l’enfant devienne « un objet qui se marchandise », mais il avait insisté sur « l’importance de la lutte contre l’homophobie ».

Mais tous ne sont pas de son avis. Certains membres de l’Eglise ont dénoncé le caractère politique de cette messe. Ainsi dans la paroisse de Saint-Merri dans le quartier du Marais à Paris, cette prière n’a pas été faite. « Nous avons préféré faire différemment, et rédiger un texte autour de témoignages de vie des paroissiens », a confié le prêtre au journal Le Monde. Un point de vue partagé par le père Bernard Berger, à Saint-Denis: selon lui, avec cet appel, « l’Eglise fait de la politique et ce n’est pas son rôle »

LeVif.be avec L’Express

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