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France: l’évacuation des migrants se poursuit à Calais

Les évacuations par autocars reprenaient mercredi dans le camp de Calais après une nuit d’incendies volontaires, au troisième jour de l’opération de démantèlement de la « Jungle » qui a permis de transférer plus de 4.000 personnes dans des centres d’accueil en France.

« Ce qui est en train de se passer à Calais, c’est un beau visage de la France. On a une opération humanitaire qui est menée en tenant compte d’hommes et de femmes qui fuient la guerre et qui demandent l’asile, et qui est menée aussi avec fermeté », s’est félicité mercredi le Premier ministre Manuel Valls.

La présidente de l’ONG Save the Children, Carolyn Miles, a de son côté appelé les autorités françaises à assurer la sécurité des enfants, jugeant leur situation « effrayante ».

Les autorités françaises ont commencé à évacuer lundi les 6.000 à 8.000 migrants, selon les sources, qui survivaient dans des conditions de grande précarité depuis des mois dans ce vaste bidonville en espérant pouvoir passer en Angleterre. De nombreux d’entre eux étaient arrivés à Calais, face aux côtes anglaises, depuis l’Erythrée, le Soudan, l’Afghanistan au péril de leur vie.

Les opérations dans le centre de transit ont redémarré dans le calme peu après 06H00 GMT, avec une file distincte pour les migrants mineurs voulant partir en Grande-Bretagne, afin d’éviter le goulet d’étranglement qui avait provoqué des bousculades mardi.

Emmitouflé dans des vêtements chauds, une centaine de migrants patientaient dans la file destinée aux majeurs tandis que quelque 200 autres avaient pris place dans celle pour les mineurs, la plus convoitée.

Mais certains migrants ne cachent pas leur amertume.

« Je suis un enfant, j’ai 17 ans et on ne me respecte pas bien: j’ai été dégagé de la file des mineurs. La France n’est pas bien! » se plaint un Afghan, dont le visage, sillonné de rides, lui donne l’allure d’un trentenaire.

Mokaissi, une Soudanaise de 16 ans et son cousin Abdoul, viennent aussi d’être rejetés de la file pour mineurs, faute de papiers prouvant leur âge. « On nous a dit de prendre le bus pour faire une demande dans un centre. Mais quel bus? Quel centre? Ou est-ce qu’il faut aller? »

Au lieu de rejoindre la file des adultes, ils rebroussent chemin. « On retourne dans la Jungle ».

Nuit d’incendies

Dans la file des mineurs, Siddik patiente lui depuis des heures.

« Ma tente a brûlé dans la nuit, je suis venu ici dès 04H00 », confie-t-il, enveloppé avec deux amis dans une large couverture. « Je suis venu m’enregistrer pour partir en Grande-Bretagne, hier j’étais déjà venu vers 04H00 (02H00 GMT) et je n’avais pas été pris ».

Plusieurs incendies ont éclaté dans la nuit de mardi dans la « Jungle » de Calais, faisant un blessé léger mais sans déclencher de panique.

Dès le début de soirée mardi, plusieurs incendies avaient été allumés par des migrants au sein du bidonville mais ces derniers se sont « intensifiés entre minuit trente et trois heures du matin, notamment dans la +zone des commerces+ » à l’entrée du camp, a détaillé la préfecture, qui représente l’Etat dans la région.

Au moins deux bonbonnes de gaz ont alors explosé.

Ces incendies ont été maîtrisés par les pompiers, accompagnés par des forces de l’ordre. « Nous avons été caillassés et avons dû intervenir protégés par les forces de police », a expliqué à l’AFP un pompier sur place.

En deux jours, plus de 4.000 migrants ont été « mis à l’abri » selon le gouvernement: 3.242 adultes ont quitté le camp en autocar pour rejoindre des centres d’accueil répartis dans toute la France et 772 mineurs ont été relogés dans un centre d’accueil provisoire.

Il est difficile de savoir combien de migrants sont « récalcitrants » au départ: une association, l’Auberge des migrants, avait estimé lundi que 2.000 d’entre eux voulaient quoi qu’il arrive rejoindre l’Angleterre, une « rumeur » totalement infondée selon le ministère français de l’Intérieur.

Le déblaiement des cabanes, qui a commencé mardi, a repris mercredi vers matin. Vêtus de combinaisons orange, des ouvriers démontaient ou détruisaient à la scie électrique une partie des abris insalubres, de toile ou de bois.

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