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France: internet et la rue, les armes de Mélenchon

Le Vif

En marge des médias traditionnels, le champion de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon mène une campagne atypique sur internet et dans la rue pour l’élection présidentielle de 2017, pour rassembler au sein de sa « France insoumise » les jeunes et les déçus de la politique.

A 65 ans, son « mauvais caractère » revendiqué, ses coups de gueules, ses idées fortes et ses appels à « l’insurrection civique » ont fait de lui un personnage politique incontournable, trublion d’une gauche qui part au scrutin en grand désordre de bataille face à une droite donnée favorite et une extrême droite chauffée à blanc.

« Dans les milieux populaires, tenir tête est une vertu », dit celui qui rejette obstinément les appels à participer à la primaire de gauche. Les sondages le créditent d’environ 14%, au coude-à-coude avec l’ancien ministre de l’économie Emmanuel Macron, qui part lui aussi en cavalier seul, et avec l’ancien Premier ministre Manuel Valls qui, lui, joue le jeu de la primaire.

Son livre-programme « L’avenir en commun », vendu trois euros, est un succès: tiré à 110.000 exemplaires, il s’est hissé d’emblée à la neuvième place des meilleures ventes en France.

« J’ai envie de voter à gauche » à la présidentielle, « mais je ne sais pas pour qui », explique Christophe Amblard, un chef monteur de 42 ans qui vient d’acheter ce livre. Déçu par les socialistes, il espère que sa lecture lui permettra de « se faire une idée » et y voir plus clair.

Samedi et dimanche, les partisans de Jean-Luc Mélenchon ont affronté le froid par centaines pour dresser des stands partout en France et vendre le programme aux passants. Parmi eux, des militants de la « France insoumise », des écologistes, des déçus du socialisme, de simples citoyens.

Emmanuel Auray, 60 ans, a été séduit par la volonté de revoir les traités européens. Jean-Luc Mélenchon s’est rapproché de l’ancien ministre des Finances grec Yanis Varoufakis pour s’attaquer à la politique de rigueur défendue par la chancelière allemande Angela Merkel.

Cet informaticien approuve aussi « la lutte contre les inégalités et le chômage », la défense de « l’écologie » et la mise en place d’un nouveau système constituant. « C’est la première fois que j’ai un vote d’adhésion », s’enthousiasme le militant, présent sur un stand dans un quartier populaire du nord-est de Paris.

‘L’ère du peuple’

Réputé pour ses attaques contre la presse, le tribun de gauche imprime aussi sa patte sur la toile. Sa chaîne Youtube compte 110.000 abonnés, ce qui la place en tête d’audience des personnalités politiques françaises. « On est en train de réussir à contourner le système médiatique officiel », se réjouit-il sur son blog « l’ère du peuple ».

En chemise blanche et veste sombre, dans un décor réduit à un canapé, des affiches ou une plante verte, il commente l’actualité dans sa « revue de la semaine », défend ses positions, reçoit des invités, répond aux questions des internautes, sur un ton direct et décontracté. Son objectif: mettre en avant des thèmes « pas vu à la télé ». Une formule gagnante.

Présent sur Facebook, très actif sur Twitter, il pourfend la droite et son projet de « coup d’état social », l’extrême droite et sa ligne « barbare », le « désastre » du Parti socialiste ou la victoire de Donald Trump comme « le symptome de la cécité d’une caste ».

Il est « le seul qui fasse l’effort de se mettre au niveau des gens », estime Meven Bouvet, 30 ans, tracts à la main sur une place à Paris, dans l’indifférence des passants. « Le web est important pour toucher le plus grand nombre », poursuit le salarié de la compagnie ferroviaire SNCF.

Ces méthodes rappellent celles du candidat malheureux à la primaire démocrate aux Etats-Unis, Bernie Sanders, qui avait su faire entendre sa petite musique sur les réseaux sociaux aux Etats-Unis.

Son défi reste de rassembler, malgré sa personnalité clivante. Il est en froid avec le patron du Parti communiste, Pierre Laurent, mais les militants communistes ont choisi d’appuyer sa candidature à la présidentielle.

Ancien membre du Parti socialiste, de 1977 à 2008, il avait remporté 11,1% des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle en 2012. Il espère faire mieux en 2017.

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