A Paris des étudiants ont bloqué l'entrée de leur école. © Belga

France : des violences lors de nouvelles manifestations de lycéens et d’étudiants

Echauffourées, interpellations, blocages: des violences ont entaché mardi en France de nouvelles manifestations de lycéens et d’étudiants, opposés à un projet de réforme du droit du travail qui cristallise les mécontentements à l’égard du président François Hollande.

A Paris, des policiers ont chargé en fin de matinée une cinquantaine de jeunes cagoulés et armés de bâtons qui s’étaient glissés dans des groupes de manifestants. Les forces de l’ordre ont ensuite procédé à 130 interpellations.

A Rennes, où tout rassemblement avait été interdit dans le centre historique, des centaines de manifestants ont envahi les voies ferrées près de la gare, entraînant l’interruption du trafic ferroviaire.

Au Havre, où 1.200 personnes ont défilé, deux liaisons par ferry avec la Grande-Bretagne, de même qu’une escale d’un paquebot de croisière, ont été annulées dans des conditions similaires.

Alors que la mobilisation des jeunes entre dans sa cinquième semaine, ils étaient encore plusieurs milliers à battre le pavé parisien en scandant « lycéens, étudiants, chômeurs et salariés, c’est tous ensemble qu’il faut lutter car c’est tous ensemble qu’on va gagner ».

De même, des centaines de personnes ont passé la nuit sur la Place de la République, au coeur de la capitale, pour dénoncer cette réforme du droit du travail, jugée trop favorable aux employeurs, mais aussi la politique sécuritaire du gouvernement socialiste, le mal-logement ou encore l’exil fiscal.

Leur action, baptisée « Nuit debout », est née jeudi au soir des plus importantes manifestations depuis le début du mouvement, qui ont rassemblé 390.000 opposants à la loi Travail, selon les autorités et 1,2 million selon les syndicats.

Depuis, chaque nuit, des militants, ont campé sur la place, avant d’être délogés au petit matin par les forces de l’ordre. Malgré la détermination affichée par les manifestants, leur action marquait des signes d’essoufflement: la police ne décomptait en début d’après-midi que 3.200 à 3.400 manifestants à Paris contre 26 à 28.000 jeudi dernier.

Parallèlement, le projet de loi entame son parcours au Parlement, avec le début de l’examen de 800 amendements en commission. Le débat devant l’ensemble des députés débutera le 3 mai.

La ministre du Travail Myriam El Khomri « pense avoir une majorité » pour faire adopter le texte avant l’été, malgré l’opposition initiale de nombreux députés de la majorité de gauche. Face à la fronde, l’exécutif a remanié son projet de réforme, qui affiche sa volonté de limiter les freins à l’embauche pour tenter de réduire un chômage de masse (+10%) mais qui est jugé « trop libéral » par ses détracteurs.

Le texte prévoit notamment de changer les critères qui permettent les licenciements économiques. Les jeunes craignent une précarité accrue. A un an de la prochaine élection présidentielle, ce projet de loi est probablement la dernière grande réforme du quinquennat de François Hollande qui bat des records d’impopularité avec seulement 15% de Français qui le soutiennent, selon de récents sondages.

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