Migrant irakien à Calais. Photo prise le 16 octobre 2015. © REUTERS

France : des migrants censés évacuer une partie de la « Jungle » de Calais

Le Vif

Sur ordre des autorités françaises, les migrants de la « jungle » de Calais devaient commencer jeudi à évacuer une partie de ce camp de fortune habité par 4.000 personnes dans le nord de la France.

Le jour-même devait parallèlement s’ouvrir dans la région le procès d’un Britannique qui avait tenté de faire passer clandestinement une fillette afghane de cette « Jungle » vers l’Angleterre.

Les constructions précaires des réfugiés, abris et boutiques de fortune installés à moins de 100 mètres d’une rocade menant au port de Calais qui dessert l’Angleterre, devront être déplacées pour des raisons de sécurité d’ici à la fin de la semaine, ont exigé les autorités françaises.

Les migrants concernés, entre 500 à 700, seront « prioritaires pour accéder à une place » dans des conteneurs, inaugurés lundi dans un lieu proche et pouvant accueillir 1.500 personnes.

« Ils nous disent que les nouveaux conteneurs sont mieux, mais il n’y a ni douche ni cuisine et les gens ont surtout peur des scans de la main » qui pourraient les faire revenir en France s’ils arrivent à entrer en Angleterre, souligne à l’AFP Sikander Nouristani, 42 ans, représentant de la communauté afghane.

Baptisé Centre d’accueil provisoire (CAP), le nouveau site est clos et pour y entrer les migrants doivent passer la paume de la main dans un appareil de reconnaissance. Les autorités ont promis de ne pas enregistrer les empreintes, une exigence récurrente des migrants.

Pour les autorités, le nouveau site vise à garantir à la fois « la sécurité des migrants, des riverains et des utilisateurs de la rocade », ces migrants tentant régulièrement d’envahir la route afin de monter à bord des camions allant embarquer pour l’Angleterre.

Bon samaritain ou vulgaire passeur ?

Sikander Noristany souligne que « les gens ne viennent pas dans la Jungle pour dormir et manger. Ils sont ici pour essayer d’aller en Angleterre. Ils ont peur que ce soit plus difficile depuis les conteneurs car le camp ressemble à une prison ».

Une partie de la population locale redoute que cette méfiance envers le CAP ne génère la création de nouveaux petits campements sauvages dans la région, où les tensions se sont exacerbées au fil des années.

En quelques mois, de vastes grillages et des clôtures barbelées ont été élevés autour des infrastructures portuaires, de plusieurs axes routiers, mais également du site d’Eurotunnel dans la bourgade voisine de Coquelles, où des secteurs boisés ont été entièrement rasés et des terrains ont même été récemment inondés pour faire obstacle aux intrusions de migrants. Le déploiement au quotidien des forces de l’ordre y est impressionnant.

Le procès du Britannique, accusé d’avoir voulu emmener clandestinement une fillette afghane en Angleterre, se déroule par ailleurs à Boulogne-sur-Mer. Robert Lawrie, 49 ans, ex-soldat devenu dirigeant d’une entreprise de nettoyage, avait tenté en octobre de transporter cette Afghane jusqu’à la ville de Leeds, où elle avait de la famille et où lui-même vit.

Père de quatre enfants, ému par le sort des migrants, ce qui l’avait poussé à fréquemment se rendre àCalais, il avait été arrêté par la police française, avec la fillette et deux Eyrthréens cachés dans sa voiture. Il est poursuivi pour aide au séjour irrégulier et risque jusqu’à cinq ans de prison et une amende de 30.000 euros. Selon ses déclarations, c’est en apportant de la nourriture et des vêtements aux clandestins qu’il a rencontré la petite Afghane de quatre ans que son père lui aurait demandé d’emmener dans le nord de l’Angleterre.

D’après son avocate Me Lucile Abassade, il « a agi dans l’émotion, sans réfléchir ». Une pétition intitulée « Non à l’emprisonnement de Rob Lawrie, qui a voulu sauver une enfant de la Jungle de Calais » a recueilli sur internet environ 170.000 signatures de Français et d’Anglais.

L’affaire est l’occasion pour les associations soutenant les migrants et les militants « No Border » (pas de frontière), très présents dans la « Jungle », de mobiliser l’opinion publique en faveur de leur cause.

Leur action est néanmoins de plus en plus vivement contestée par la population locale, tandis que les autorités françaises ont à plusieurs reprises dénoncé ces militants « qui profitent du désarroi, de la détresse de ces migrants, et qui instrumentalisent cette détresse ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire