Amelia Earhart © Wikipedia

Fin du mystère autour de la disparition d’Amelia Earhart

Muriel Lefevre

C’est un mystère que tentent depuis des décennies de percer chercheurs et passionnés de la conquête de l’air: qu’est-il arrivé à cette Américaine qui fut la première femme à traverser seule l’Atlantique en avion, en 1932 ? Des analyses d’ossements retrouvés dès 1940 pourraient bien apporter une réponse.

L’aventure d’Earhart (39 ans à l’époque) et Noonan (son navigateur de 44 ans ) avait démarré le 20 mai 1937. Ce jour-là il partait d’Oakland, en Californie pour faire un tour du monde en avion.

Le 2 juillet, ils quittaient Lae, en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour une étape particulièrement ambitieuse de 4.000 kilomètres afin de se ravitailler en carburant sur le minuscule îlot d’Howland, territoire américain situé pratiquement à mi-chemin entre l’Australie et Hawaï. Ils n’y sont jamais parvenus. Chercheurs et passionnés de la conquête de l’air tentent depuis des décennies de percer le mystère de la disparition de cette pionnière, première femme à traverser seule l’Atlantique en avion en 1932.

La théorie la plus répandue depuis veut qu’en juillet 1937, leur bimoteur Lockheed Electra soit tombé en panne sèche au-dessus de l’océan Pacifique et qu’il se soit écrasé sur l’île inhabitée de Gardner Island, aujourd’hui appelée Nikumaroro et appartenant à la république de Kiribati. Il semble que cette théorie soit aussi la bonne.

Des os retrouvés dès 1940

En 1940, une expédition britannique retrouvait sur cette île un crâne humain, des os, la semelle d’une chaussure de femme, un étui pour sextant et une bouteille de Benedictine. Il semble aujourd’hui, selon une récente étude, que ces ossements correspondraient bien aux restes d’Amelia Earhart portée disparue dans la région trois ans auparavant. Richard Jantz, professeur d’anthropologie à l’Université du Tennessee, affirme en effet que de nouvelles analyses ont déterminé que ces os ne sont pas ceux d’un homme de petite taille, mais de la célèbre aviatrice.

Les os avaient été expédiés aux Fidji et examinés l’année suivante par David W. Hoodless, un professeur d’anatomie. Celui-ci avait cependant conclu que les ossements appartenaient à un homme trapu. Pour ajouter au mystère, ces os ont ensuite été perdus.

Près de 80 ans plus tard, Richard Jantz a utilisé un programme informatique baptisé Fordisc pour analyser les mesures prises par David Hoodless sur les os: quatre sur le crâne, trois sur un tibia, un humérus et un radius.

Il a également étudié les vêtements portés par Amelia Earhart pour déterminer que les restes retrouvés correspondaient à plus de 99% à l’aviatrice. « Cela soutient fortement la conclusion que les os de Nikumaroro appartiennent à Amelia Earhart, » a affirmé M. Jantz, cité dans un communiqué de l’Université du Tennessee.

La mauvaise interprétation des précédentes recherches s’explique par le fait que « l’anthropologie légale n’était pas très développée au début du XXe siècle », a-t-il expliqué. L’étude a été publiée dans la revue Forensic Anthropology de l’Université de Floride.

La fausse piste japonaise

Un documentaire diffusé en juillet 2017 sur la chaîne américaine History Channel, intitulé « Amelia Earhart: The Lost Evidence » (« Amelia Earhart: les indices perdus »), suggèrait pourtant que les deux aviateurs ont en fait survécu avant d’être faits prisonniers par les Japonais.

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Les documentaristes fondaient leur théorie sur une photo floue en noir et blanc, découverte parmi les documents des Archives nationales américaines à Washington. On y voit plusieurs personnes sur un quai de l’Atoll de Jaluit, dans les îles Marshall, dont une femme de dos, à la silhouette ressemblant à celle d’Amelia Earhart. Un homme debout non loin d’elle sur le quai ressemblerait aussi remarquablement à Fred Noonan, selon un expert physionomiste interrogé dans le documentaire.

Fin du mystère autour de la disparition d'Amelia Earhart
© Reuters

Derrière le quai, on aperçoit un bateau remorquant un engin. Selon les documentaristes, il pourrait s’agir du navire japonais Koshu Maru tirant l’avion d’Amelia Earhart.

Avant eux, déjà, des habitants des îles Marshall affirmaient depuis longtemps que les deux aviateurs avaient survécu à l’atterrissage en urgence de leur appareil avant d’être capturés par les Japonais.

Néanmoins lors de la parution du documentaire, les experts sont sceptiques. Pour un expert des questions militaires, Matthew B. Holly, cette photo montrant soi-disant la pionnière de l’aviation Amelia Earhart vivante après sa disparition présumée en 1937 ne prouve en fait rien du tout. Pour lui ce cliché est largement antérieur puisqu’il affirme être parvenu à retrouver la trace ce cliché dans le carnet de voyage d’un photographe japonais publié bien avant la disparition d’Amelia Earhart.

M. Holly explique que, contrairement à la photo mentionnée dans le film, l’original qu’il a retrouvé est daté, et visible sur les collections en ligne de la Bibliothèque de la Diète du Japon.

M. Holly affirme que ce cliché a bien été pris sur l’atoll de Jaluit, mais en 1935, avant d’être publié dans un carnet de voyage de plus de 100 pages en 1936. »Il ne fait aucun doute que la photo a été prise en 1935″, a-t-il dit à l’AFP. « Le livre est un recueil de photos d’un homme qui voyage sur un bateau (japonais) », poursuit cet expert, qui vit à Majuro et recense depuis des décennies les épaves des avions américains et l’identité des pilotes américains tués au combat dans cette zone.

Il a expliqué que l’absence de drapeau et de soldats japonais sur la photo servant de base au documentaire l’avait d’emblée intrigué.

Richard Gillespie, directeur exécutif d’un groupe américain de passionnés d’histoire de l’aviation, The International Group for Historic Aircraft Recovery (TIGHAR), avait déjà jugé « risible » le soi-disant indice présenté dans le documentaire.

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