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Fillon et Copé acceptent la proposition de Juppé

Fillon et Copé, les deux candidats à la présidence de l’UMP, ont accepté l’aide d’Alain Juppé. La commission qu’il préside se réunira la semaine prochaine et livrera ses conclusions sous 15 jours.

Bras de fer, chaos, guerre de position,… Les mots manquent pour décrire la lutte Copé-Fillon et la déliquescence de l’UMP. Certains, dont Alain Juppé, évoquent désormais la possibilité d’une implosion du mouvement.

L’implosion de l’UMP? Ce n’est plus un scénario catastrophiste agité par quelques hommes de l’ombre au début de ce psychodrame made in UMP, c’est un risque désormais souligné par des responsables aussi reconnus que Bernard Accoyer, ancien président de l’Assemblée nationale, et Alain Juppé, ancien Premier ministre. Dans une conférence de presse depuis Bordeaux, ce dernier s’est dit pessimiste quant à une issue heureuse de ce conflit, ajoutant: « Ce qui est désormais en cause, ce n’est plus la présidence de l’UMP; c’est l’existence même de l’UMP. » Un avis partagé par un autre cador du parti: « Peut-être que notre mouvement va y laisser sa peau. »
A l’Assemblée, les députés du premier parti d’opposition ne parlent plus que de ça. Les traits tirés, tous se demandent quand cette guerre de position va-t-elle se terminer. Et surtout comment.

Des positions non conciliables

On voit mal effectivement comment l’UMP pourrait sortir de l’impasse. Copé et Fillon ne veulent rien lâcher. Le premier est retranché au siège du parti. « Il sait très bien que s’il sort de son bureau, même pour aller aux toilettes, on risque de lui piquer sa place », commente un observateur plutôt neutre. « Se maintenir dans un bunker, ce n’est plus possible », lâche un filloniste.

Les partisans de l’ancien Premier ministre ont, eux, choisi l’Assemblée nationale comme base arrière. Depuis la salle des Quatre colonnes, ils continuent de faire valoir leur position. « La conciliation de Juppé, c’est vers cette solution que l’on doit se tourner », martèle Eric Ciotti, ancien directeur de campagne. « Cette démarche est la seule viable », complète Jérôme Chartier, porte-parole.
A une poignée de kilomètres de là, au siège du parti, Jérôme Lavrilleux, bras droit de Copé, va leur répondre: « Jean-François Copé est prêt à accepter le verdict qui sera prononcé par M. Alain Juppé. » Est-ce le début d’une trêve? Pas du tout, car le camp Copé n’accepte la médiation qu’à condition qu’elle intervienne après l’examen du scrutin par la commission nationale des recours. Or, l’entourage de Fillon refuse d’en passer par une instance dans laquelle il n’a pas confiance: « Y siège même un membre de la Cocoe. C’est comme si un collaborateur du cabinet du ministère de l’Intérieur était en même temps membre du conseil constitutionnel », s’étrangle Jérôme Chartier.

Un ex-député RPR: « L’UMP, je crois que c’est foutu. »

Dans ce contexte, l’issue est inimaginable. D’autant que le grand déballage orchestré par Jérôme Lavrilleux a contribué à tendre encore plus l’atmosphère -était-ce possible?. En direct, et devant des dizaines de milliers de téléspectateurs, le directeur de cabinet de Jean-François Copé a brandi des copies des PV de certains bureaux de vote, prouvant selon lui des « bourrages d’urnes » et autres « turpitudes ». Avant de conclure son intervention d’une phrase d’une violence rarement entendue pour désigner d’autres membres d’un même parti: « Une élection ne se gagne pas dans les arrière-cuisines sur de petits réchauds dans des odeurs peu agréables. »
« On en a eu des affrontements dans notre histoire, entre Chirac et Balladur, Chaban et Pompidou, mais là…, souffle un ex-député RPR, puis UMP. Ce n’est pas qu’une cassure arithmétique. Je crois que c’est foutu. »

Par Matthieu Deprieck, L’Express

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