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Fillon, dos au mur, tente une contre-attaque

Le Vif

Le candidat de la droite à la présidentielle, François Fillon, va tenter de contre-attaquer en s’expliquant devant les Français lundi sur les soupçons d’emplois fictifs de son épouse qui ont rendu sa position de plus en plus intenable.

« M. Fillon souhaite s’exprimer devant les Français », a expliqué son entourage à l’AFP. La riposte médiatique et politique a été intensément murie tout le week-end, avec l’idée d’être « plus offensif ».

Il doit parler lundi à 15H00 GMT depuis son QG de campagne à Paris, une intervention qui n’avait pas été prévue initialement. Jusqu’à présent, le vainqueur de la primaire de droite s’était contenté d’accuser ses adversaires politiques de gauche d’être à l’origine des révélations le visant et avait promis de tenir bon.

« Fillon affronte une semaine cruciale » résume le quotidien populaire Le Parisien. Le candidat « dos au mur » va mener « une contre-offensive », estime le journal conservateur Le Figaro.

A moins de trois mois du premier tour du scrutin le 23 avril, l’ancien favori des sondages fait en effet face à une pression croissante depuis des révélations de la presse sur les emplois présumés fictifs de son épouse Penelope, qui était salariée comme son attaché parlementaire, et de deux de ses enfants.

Le quotidien Le Monde a dévoilé lundi de nouveaux éléments de l’enquête embarrassants pour François Fillon. Les policiers s’interrogent notamment sur les circonstances de l’élévation à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur – la plus haute décoration française – à un homme d’affaires qui a par ailleurs salarié Penelope Fillon dans une revue.

La droite, qui était donné gagnante à la présidentielle jusqu’au scandale, est maintenant confrontée à la perspective d’une élimination dès le premier tour.

Selon un sondage, son candidat se classe désormais troisième avec 18% à 20% des intentions de vote, derrière la candidate d’extrême droite Marine Le Pen (25%) et le centriste et ex-ministre de l’Economie Emmanuel Macron (21% à 22%), qui a le vent en poupe.

Une autre enquête indique que 68% des Français ne souhaitent pas que François Fillon maintienne sa candidature à la présidentielle.

Juppé, pas un recours

François Fillon devra aussi convaincre ses propres soutiens lundi car il se retrouvera le lendemain face aux parleementaires de son parti Les Républicains – une réunion qui pourrait s’avérer explosive.

Certains élus de base sont très remontés après un week-end dans leur circonscription où ils ont parfois dû affronter la colère de leurs électeurs.

« Les retours de terrain sont très mauvais. L’image de probité de François Fillon est ternie. Il a abusé du système, le coup de ses enfants ne passe pas », confiait un élu de droite sous le couvert de l’anonymat.

Le député de droite Georges Fenech, un soutien de l’ancien président Nicolas Sarkozy, a publié lundi un appel de parlementaires en faveur d' »un sursaut » de son camp. Il avait déjà estimé que le résultat de la primaire était désormais « caduc ».

Le responsable de centre droit François Bayrou – qui fait encore planer le doute sur son intention de se présenter à la présidentielle – a poussé François Fillon à se retirer purement et simplement: « Les Français pensent, et je pense comme eux, qu’il n’a pas d’autre solution que celle-là pour retrouver un débat qui soit à la hauteur ».

Une partie de la droite réfléchit ouvertement désormais à un plan B pour remplacer son candidat en difficulté.

Alain Juppé, finaliste malheureux de la primaire de la droite en novembre, est souvent évoqué. Il aurait « le plus de légitimité » pour remplacer François Fillon, estime ainsi Dominique de Villepin, ancien Premier ministre.

Mais l’intéressé a « clairement et définitivement » écarté cette hypothèse lundi. « Aujourd’hui, on va écouter François Fillon », a ajouté le maire de Bordeaux, dans le sud-ouest du pays.

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