Gérald Papy

Fidel Castro : mort du dernier révolutionnaire

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Il a remplacé une dictature par une autre. Il a mis en place un système de santé inégalé dans les pays en voie développement. Et son destin nous donne aussi une leçon pour l’actualité immédiate.

Avec la disparition de Fidel Castro à 90 ans, meurt le dernier révolutionnaire du XXe siècle après l’Argentin Che Guevara et le Burkinabé Thomas Sankara. Il laisse en héritage une dictature communiste qui n’a commencé à s’ouvrir qu’après son départ du pouvoir et le remplacement par son frère Raul, sous la pression économique née de l’abandon de Cuba par l’ex-URSS à l’issue de la chute du bloc soviétique. Triste destin pour ce jeune avocat qui légitimement révolté par la corruption du régime dictatorial de Fulgencio Batista, réussit, avec une poignée d’hommes, à renverser en 1959 le pouvoir cubain et à défier son principal parrain, les Etats-Unis. Les premiers mois de la révolution cubaine n’attestent pas que Lider Maximo avait d’emblée le projet d’installer un régime communiste dans l’île. Et on pourra toujours s’interroger sur l’orientation qu’aurait prise la révolution si Washington n’avait pas fermé rapidement la porte à toute collaboration avec les nouveaux dirigeants à La Havane. Et ainsi forcer Cuba à se tourner vers Moscou.

Fidel Castro laisse l’image d’un intellectuel qui a réussi à capter les attentes d’une majorité de ses concitoyens pour changer la réalité de leur vie quotidienne et la face du monde.

Fidel Castro a également laissé un héritage un pays qui a réussi à une époque à mettre en place un système de santé et d’éducation parmi les plus efficaces de ceux des Etats en développement. Outre qu’il fut un instrument des tentatives d’exportation de la révolution, cet atout retarda sans doute la montée de la contestation intérieure qui allait inévitablement émerger alors que les libertés étaient de plus en plus bafouées et que les opposants étaient invariablement emprisonnés ou contraints à l’exil.

De cet héritage, il ne reste aujourd’hui que des bribes moribondes. Pour preuve, les alliés traditionnels de Cuba ont l’optimisme en berne, qu’il s’agisse du Venezuela de Nicolas Mauro, confronté à la pire crise de son histoire récente, de la Bolivie de Evo Morales ou de l’Equateur de Rafael Correa, qui doivent de plus en plus faire face à la montée des mécontentements populaires.

ll reste que Fidel Castro fut une grande figure du XXe siècle, en un temps où le planète se partageait en deux camps fortement antagonistes, monde capitaliste et bloc communiste, et où cette opposition favorisait sans doute davantage qu’aujourd’hui les destins d’exception. Son parcours fait néanmoins écho à une certaine actualité. En ses heures où les élites sont décriées pour être éloignées du peuple et insensibles à leurs préoccupations, il laisse l’image d’un intellectuel qui a réussi à capter les attentes d’une majorité de ses concitoyens pour changer la réalité de leur vie quotidienne et la face du monde.

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