Angela Merkel © AFP/Odd Andersen

Europe, Turquie, Russie, Trump… Les défis internationaux qui attendent Merkel IV

Le Vif

En route pour un quatrième mandat, Angela Merkel va devoir faire face à plusieurs défis internationaux compliqués dans un monde chamboulé et alors qu’elle est sortie affaiblie des élections allemandes.

« La tâche ne sera pas simple dans un pays où l’on aime rien moins que le changement, où les certitudes et la confiance dans les règles, même lorsqu’elles sont dépassées, demeurent un credo national », estime Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Schuman.

Tour d’horizon des chantiers en vue:

Europe: frictions en perspective

Les résultats des élections allemandes ne sont pas une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron et ses projets de relance de l’Europe, qu’il doit présenter mardi, avec une poussée des partis eurosceptiques allemands. Angela Merkel s’est dit prête jusqu’ici à en discuter mais la chancelière et son parti conservateur sont à la base réservés sur l’idée d’une Union à plusieurs vitesses ou sur certaines propositions concernant la zone euro, comme la création d’un budget. L’Allemagne redoute d’avoir à financer par ce biais les autres pays. Et le débat s’annonce encore plus difficile en Allemagne maintenant que les sociaux-démocrates, très pro-européens, ont annoncé qu’ils ne participeraient pas au prochain gouvernement.

Il ne reste à la chancelière que l’option d’une coalition incluant les Libéraux, opposés aux projets du président français. « Nous ne voulons pas de nouveaux budgets pour des transferts financiers en Europe », a prévenu dimanche soir leur président Christian Lindner. En outre, Mme Merkel va devoir tenir compte de la poussée sans précédent de la droite nationaliste allemande, anti-euro, lors des élections.

Poutine: quelle politique?

Angela Merkel est restée ferme jusqu’ici face à la Russie sur l’Ukraine, en plaidant pour le maintien des sanctions. Mais elle sera désormais confrontée à une chambre des députés qui a rarement été aussi « pro-russe ».

Sur les sept partis représentés, seule la CDU et les écologistes prônent l’intransigeance. Tous les autres, de la droite nationaliste à la gauche radicale en passant par le SPD, les Libéraux ou la CSU, branche bavaroise de la CDU, font les yeux doux à Moscou. Quelle que soit la future coalition, la pression sur Angela Merkel sera réelle. Les Libéraux du FDP viennent d’appeler à reconnaître le rattachement de la Crimée par la Russie et à lever partiellement les sanctions.

Trump: tensions à foison

« Avec ces deux-là, un nouveau départ des relations s’annonce difficile », prédit le quotidien Bild. De leur tempérament aux positions de fond sur le climat, le libre-échange, les migrants, le nucléaire iranien, tout paraît les opposer. Dernier contentieux en date: la Corée du Nord. « Il y a sur ce point un désaccord clair avec le président américain » et ses menaces d’option militaire, vient-elle de dire.

Donald Trump attend dans les années à venir que l’Allemagne augmente nettement ses dépenses militaires pour atteindre l’objectif OTAN de 2% du PIB. En cas de coalition à trois avec les Libéraux et les Verts, les premiers soutiendront les conservateurs de la chancelière dans ce domaine, mais pas les écologistes.

Europe de l’Est et Turquie: sortir du conflit

L’Europe de l’Est a longtemps été « l’arrière-cour » traditionnelle de la zone d’influence allemande. Elle est devenue un terrain miné pour Berlin. La plupart des pays, à commencer par la Pologne et la Hongrie, refusent de partager l’accueil des réfugiés en Europe avec l’Allemagne. « Ceux qui refusent cette solidarité doivent savoir que cela ne restera pas sans conséquence, y compris lorsque l’on négociera sur les futures subventions » de l’UE, vient-elle de prévenir.

La Pologne vient dans ce contexte d’exhumer des demandes de réparations pour la Deuxième guerre mondiale. Jamais les relations bilatérales entre Berlin et son voisin n’ont été aussi mauvaises depuis la fin de la guerre froide.

Sur les migrants, le pacte conclu par Angela Merkel avec la Turquie tient encore. Mais les deux partenaires de l’Otan sont en conflit permanent depuis presque deux ans. Le contexte de campagne électorale a crispé les positions. La phase qui s’ouvre pourrait aider à un apaisement.

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