Angela Merkel et Emmanuel Macron © REUTERS

Europe : Angela Merkel et Emmanuel Macron n’ont pas les mêmes priorités

Où en sont les plans européens d’Emmanuel Macron? Pas très loin, s’il n’en tenait qu’à Angela Merkel.

Il y a près d’un an, Emmanuel Macron a fait son entrée sur l’esplanade du Louvre au son de l’hymne européen. Il a promis une vie meilleure et plus sûre, non seulement aux Français, mais à tous les Européens. Macron a réitéré cette ambition la semaine dernière au parlement européen à Strasbourg. Pour l’occasion, il a amené un lot de jolies phrases. Il a dit notamment qu’il ne voulait pas être un « somnambule » contrairement aux dirigeants européens qui n’avaient pas vu venir la Première Guerre mondiale, il y a cent ans. Mais réformer l’Union européenne se révèlera peut-être plus difficile que devenir président français.

Ensuite, Macron s’est rendu à Berlin pour y parler de l’Europe avec Angela Merkel. Pour ses plans, il lui faut un moteur allemand fort. Mais la position de la chancelière est moins solide qu’il y a un an. Elle a eu une gifle aux élections de septembre, s’est éreintée à négocier, et a finalement rassemblé une molle coalition de perdants. Merkel est plus que jamais sous pression de ses collègues du CSU bavarois qui s’inclinent face à Alternative für Deutschland et aux libéraux de droite eurocritiques. Merkel réfléchit de manière pragmatique, et donc elle freine quand Macron passe.

Le président français a de l’énergie et de l’enthousiasme à revendre. Mais sans lien solide avec l’Allemagne, cela ne suffit pas à mettre le moloch européen en mouvement. Merkel et Macron veulent tous deux une Europe plus forte, mais ils n’ont pas ou plus les mêmes priorités. Macron aspire à plus d’oxygène pour la politique économique et monétaire. Mise sous pression par sa droite, Merkel souhaite oeuvrer à une politique d’asile et de l’étranger européenne. Tout comme les états membres du nord de l’Union, beaucoup d’Allemands craignent que les propositions de Macron leur coûtent trop d’argent.

La France et l’Allemagne organisent des conseils de ministres communs pour lancer quelques propositions au sommet européen de juin. Ils seront peut-être aidés par le fait qu’après les élections européennes de 2019 il y aura moins de marge pour les réformes. À Strasbourg, Macron a demandé à ses critiques ce qu’ils cherchaient au parlement européen si c’était pour s’opposer à davantage de coopération européenne. Cependant, après les élections, la voix anti-européenne risque de bien de sonner encore plus fort qu’elle ne le fait à présent. Celui qui pensait que la victoire de Macron avait effacé l’euroscepticisme se rend compte qu’il n’en est rien.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire