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Etats-Unis: Warren Hill, retardé mental et condamné à mort

Malgré une mobilisation croissante pour empêcher la mise à mort de Warren Hill, un Noir américain de 52 ans diagnostiqué retardé mental, les autorités pénitencières de Géorgie ont confirmé que son exécution aura lieu lundi 23 juillet.

Warren Hill, un Noir américain de 52 ans, a passé 21 ans de sa vie dans le couloir de la mort. Il a été condamné à la peine capitale en 1991 pour le meurtre à la matraque d’un codétenu, alors qu’il se trouvait déjà en prison pour le meurtre de sa compagne en 1985.

Le prisonnier devait être exécuté ce mercredi 18 juillet en Géorgie mais son exécution a été reportée. Une grâce? Un sursis? Non, Warren Hill ne doit ce court répit qu’à un changement dans la procédure d’injection létale, qui l’a temporairement épargné. Une procédure somme toute banale dans l’un des 33 Etats américains où la peine de mort est toujours en vigueur. A un détail près: le condamné, doté d’un quotient intellectuel de 70, est diagnostiqué retardé mental. Ce qui, en théorie, interdit sa condamnation à mort. En théorie seulement.

« Une vie de détresse et de tribulations »

Selon un arrêt daté de 2002 par la Cour suprême des Etats-Unis, l’exécution de personnes souffrant de handicaps mentaux est interdite. En vertu de l’arrêt « Atkins contre Virginie », qui interdit l’exécution de condamnés attardés mentaux, Hill devrait ainsi échapper à la peine capitale.
Pourtant, celui-ci ne s’applique pas dans le cas de Warren Hill, chaque Etat étant libre de fixer les conditions requises pour déterminer ce type de handicap. Si un juge de Géorgie a effectivement statué qu’il était retardé intellectuellement, il a estimé que ce retard était inférieur à celui requis par l’Etat. En septembre 2010, Teresa Lewis avait ainsi été exécutée en Virginie alors qu’elle se situait à la « limite » du retard mental selon cet Etat (QI de 70).
La Cour suprême des États-Unis a rejeté un recours du condamné le 4 juin dernier. Et le Comité des grâces de l’État de Georgie a refusé lundi de lui accorder sa clémence. L’avocat de Warren Hill, Me Kammer -qui avait également défendu le cas de Troy Davis, exécuté en septembre 2011- s’est déclaré « horrifié et outré », rappelant que de nombreux experts, y compris ceux de l’Etat de Géorgie, ainsi que des tribunaux considèrent bien son client comme un attardé mental.
Eric Jacobson, directeur du Conseil sur les handicaps d’évolution de Géorgie évoque une enfance pauvre et un parcours chaotique, victime de la « violence domestique chronique » exercée par une mère acariâtre et un père alcoolique. Il dépeint la « vie de détresse » d’un « condamné d’avance », soumis à l’autorité d’une famille déjà intellectuellement diminuée. Mais la Cour suprême de Géorgie ne veut rien entendre et compte appliquer la sentence.
L’exécution remise à plus tard aura bien lieu lundi prochain. Warren Hill doit alors recevoir une injection létale d’un seul produit, le Pentobarbital, alors que trois sont habituellement utilisés dans ce genre de cas. « S’appuyant sur l’expérience d’autres Etats et le témoignage d’experts médicaux, le produit s’est montré efficace », a déclaré le directeur du Department of Corrections. « Les services (pénitentiaires) s’engagent à exécuter la décision du tribunal de la manière la plus responsable et professionnelle qui soit », ajoute-t-il.

Moratoire universel contre la peine de mort

Les défenseurs des droits de l’Homme, à commencer par Amnesty International, dénoncent l’anticonstitutionnalité de cette décision. La mobilisation ne s’arrête pas là. Plusieurs organisations et personnalités, dont l’ancien président américain Jimmy Carter, mais aussi la famille de la victime, ont appelé le Comité des grâces de Georgie à commuer la condamnation à mort de Hill en réclusion criminelle à perpétuité. Et Amnesty International de prévenir: « La réputation de la Georgie sera dangereusement ternie si l’État exécute Warren Hill ». Pendant ce temps, une autre exécution, celle de Yokamon Hearn, 34 ans, un autre détenu souffrant du même handicap (il souffrirait notamment du syndrome de l’alcoolisation foetale) reste programmée ce mercredi au Texas.
Par Sophie Malherbe, L’Express

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