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États-Unis : quand les pères protègent la virginité de leurs filles

Stagiaire Le Vif

Aux États-Unis, le phénomène des bals de pureté devient de plus en plus grand au point d’inquiéter et d’interpeller en Europe. Zoom sur des cérémonies pour le moins radicales.

« À partir de maintenant, tu es mariée au seigneur et ton père est ton petit ami. » C’est ce qu’un père dit à sa fille avant que celle-ci ne passe son bal de pureté (voir vidéo ci-dessous). Ce phénomène est apparu dans le courant des années 80 en réaction à la libération sexuelle et à l’épidémie de Sida. Le principe de la cérémonie est simple : une jeune fille âgée la plupart du temps de 12 ou 13 ans promet à son père de ne pas avoir de relations avant son mariage et celui-ci lui remet un anneau en signe de cette promesse. Pas de relations, cela signifie bien entendu pas de contacts sexuels mais aussi pas de baisers et pas même de petits amis. Au bout d’un simulacre de mariage, le père en costume et sa fille en robe de mariée signent un contrat en reconnaissance de cet engagement.

Dans la mouvance du Slow Sex

Ce mouvement, fortement soutenu par les églises évangéliques radicales, est de plus en plus répandu aux États-Unis puisqu’il est présent dans 48 des 50 États américains. Il fait aussi une percée dans le reste du monde, les bals de puretés existent dans 17 pays à travers le globe. « C’est clair que nous assistons à une sorte de reconfiguration des religions » nous explique Cécile Vanderpelen, historienne et membre du Centre interdisciplinaire de recherche d’études des religions et de la laïcité. « Le christianisme fonctionne toujours par vagues et cela passe souvent par un retour vers plus d’authenticité puis moins. Chaque religion avec le temps perd de sa rigueur et ainsi, chaque nouvelle génération a envie de prôner un retour vers l’authenticité et essaie de réinventer la religion, de se la réapproprier. »

Pour elle, ce phénomène prend racine dans le cadre d’un autre plus répandu : « C’est une réaction qui s’inscrit dans le mouvement « slow sex « aussi visible en Europe. Celui-ci prône une sexualité plus contenue en réaction à la soi-disant fièvre sexuelle de notre époque. Mais cela n’est qu’une illusion. »

Le regain de la religion évangélique en Europe

Selon Cécile Vanderpelen, il est difficile de deviner si ce mouvement est fait pour durer ou s’il s’agit d’une mode vouée à disparaître après un temps. « Il faut voir le succès que ce mouvement va avoir dans le temps. Avant, c’était plutôt les institutions scolaires qui se chargeaient par le catéchisme de l’éducation sexuelle des jeunes mais maintenant, vu que l’école ne s’en charge plus, la famille s’est réapproprié cela. En Belgique on assiste à l’apparition de mouvements plus radicaux dans le monde catholique mais il n’existe pas à ma connaissance de rituels aussi forts. Cependant, l’idée qu’il faut être pur jusqu’au mariage est assez répandue dans certaines branches. On assiste à un regain de la religion évangélique en Europe contrairement à la religion catholique. Il est possible que le mouvement vienne jusque chez nous mais je suis quand même sceptique. »

Le court-métrage français « Des Roses et des Crocodiles » réalisé par Paméla Brugerolles et visible sur internet aborde justement le sujet des bals de pureté.

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