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Etats-Unis: Obama-Romney, l’heure des coups bas

Alors que Barack Obama et Mitt Romney sont au coude-à-coude dans la course à la Maison-Blanche, les boules puantes commencent déjà à être dégainées.

A l’heure où la course à la Maison-Blanche s’accélère, les deux camps échangent des coups bas. Au menu: attaques personnelles par médias interposés, accusations gratuites et secrets de famille révélés.

C’est ainsi que le monde a appris mardi que George Obama, l’un des demi-frères du président américain, vit dans un bidonville au Kenya, selon des extraits d’un documentaire qui sortira cette semaine diffusés par le site internet du magazine Hollywood Reporter. George Obama est le plus jeune des enfants que Barack Obama Sr. a eu avec ses quatre femmes. Il a été interrogé par Dinesh D’Souza, réalisateur du film documentaire 2016: Obama’s America (2016: l’Amérique d’Obama), qui n’a pas manqué d’enfoncer son doigt dans la plaie: celui-ci trouve George Obama « particulièrement intéressant » parce qu’il habite dans un bidonville et que « son puissant frère, multimillionnaire, ne lève pas le petit doigt pour l’aider ». Le documentaire, résolument anti-Obama, sous-titré « Aimez-le, haïssez-le, vous ne le connaissez pas », sera diffusé en avant-première à Houston (Texas) cette semaine. Il sortira dans le reste des Etats-Unis le 27 juillet.

Obama, « délocalisateur en chef »

Le président sortant fait l’objet d’une campagne croissante d’attaques personnelles, notamment sur Internet. Ainsi, les sites pro-républicains ont affublé le président du titre ronflant de « délocalisateur en chef » (« Outsourcer-in-Chief »), parodiant son titre bien réel de « commandant en chef » des armées.
Mitt Romney est déjà rompu à l’art décrié de la publicité négative, qu’il a pu parfaire au cours de la primaire républicaineface, notamment, à Newt Gingrich. Le principe est simple: convaincre les électeurs que son adversaire est mauvais.
Mais cette tactique est plus difficile à appliquer lorsque l’adversaire est Barack Obama. Le président sortant jouit encore d’une image bienveillante auprès d’une partie de l’électorat indépendant, comme le rapporte le New York Times. Mitt Romney est d’ailleurs critiqué par ses électeurs les plus conservateurs pour sa tendance à qualifier trop souvent Obama de « nice guy » (un « gars bien »), préférant l’attaquer sur son bilan.
Cependant, la révélation de l’existence d’un demi-frère d’Obama vivant dans la misère pourrait offrir une fenêtre de tir à l’équipe de Romney.

Romney, le vilain riche

Les démocrates ne sont pas en reste. Un Scud, tiré par Joe Biden, vice-président des Etats-Unis, a récemment semé la terreur dans le camp de Romney. « Lorsque son père, George Romney, était candidat à la présidence en 1968, il avait publié ses feuilles d’impôts pour les 12 années précédentes, car il disait qu’une seule année pouvait ne pas être représentative ». « Son fils a publié sa feuille d’impôts pour une année (…) faisant mentir le proverbe ‘tel père, tel fils' », a-t-il ironisé, avant de porter l’estocade: « Mitt Romney veut que vous montriez vos papiers, mais il ne veut pas nous montrer les siens » (référence au soutien du candidat républicain à une loi très restrictive en matière d’immigration en Arizona).
Le 3 juillet dernier, le magazine américain Vanity Fair publiait une enquête(lien en anglais) affirmant qu’une partie de la fortune personnelle de Mitt Romney, estimée à 250 millions de dollars, proviendrait d’un réseau opaque d’investissements à l’étranger. 30 millions de dollars seraient issus de fonds basés dans les îles Caïmans. Le travail des journalistes est alors réutilisé à des fins politiques, à l’image de la pique de Joe Biden.
Forcé de répondre, Mitt Romney a soutenu qu’il n’avait « rien à cacher » aux impôts. « Je ne m’en occupe pas moi-même, a-t-il cependant concédé à propos de ses comptes. Je ne sais même pas où ils se trouvent ».

Les attaques sur la fortune de Mitt Romney sont récurrentes. Déjà, pendant la primaire républicaine, ses concurrents le cherchaient, notamment sur son refus initial de rendre publique sa feuille d’impôts et la création de Bain Capital, un fonds d’investissement soupçonné d’être lié à plusieurs délocalisations, preuve d’antipatriotisme.

Cette image négative colle désormais à la peau de Romney. A tel point que celui-ci a tenu à déclarer lors d’une interview à la télévision américaine, « Je suis Américain, j’aime mon pays ». Il a aussi dénoncé le fait que « le président veut [l]’entraîner dans une campagne d’attaques personnelles ».

Match nul à la reprise

Un récent sondage place les deux candidats à égalité sur le plan fédéral, avec 47% des intentions de vote déclarées, à un peu moins de quatre mois de l’élection présidentielle, le 6 novembre prochain.

Une possible défaite de Barack Obama, dont l’élection en 2008 avait suscité l’engouement est souvent évoquée. Mitt Romney se montre en effet plus efficace dans la course à l’argent, précieux soutien alors que l’été s’annonce orageux. En mai comme en juin, il a récolté plus de fonds que Barack Obama, pourtant très fort à ce jeu-là, poussant l’équipe du président sortant à demander à ses troupes de « combler ce fossé », sur Twitter. Il reste quatre mois aux duellistes.

Gokan Gunes, L’Express

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